LGBT+

Pour la première fois, un appel conjoint à la fin des thérapies de conversion émane des Eglises – © Pixabay

  Plus de 370 responsables religieux et laïcs ont signé une déclaration pour interdire ces stages et groupes de parole qui visent à modifier l’orientation sexuelle des personnes LGBT+.

« Nous demandons à ce que tout le possible soit fait pour mettre fin aux pratiques appelées communément “thérapies de conversion” et qui visent à changer, supprimer ou effacer l’orientation sexuelle d’une personne, de son identité de genre ou de son expression de genre, et nous demandons que ces pratiques néfastes soient interdites. » Cet extrait est issu d’une déclaration signée par plus de 370 responsables religieux et laïcs au nom du « caractère sacré de la vie et de la dignité de tous », publiée le 16 décembre à l’initiative de la Commission interconfessionnelle mondiale sur les vies LGBT+, basée à Londres. Et qui a pour objectif d’interpeler le grand public sur les dangers de ces stages et autres groupes de parole visant à changer l’orientation sexuelle d’une personne.

L’orientation sexuelle vue comme une erreur

« Nous encourageons tous les croyants à signer cette déclaration, afin d’envoyer à tous les pays le message clair que les enseignements religieux ne tolèrent pas les préjudices et ne devraient jamais être utilisés pour justifier les discriminations, a déclaré Jayne Ozanne, la directrice de la Commission interconfessionnelle mondiale sur les vies LGBT+. Nous espérons que les personnes LGBT+ et leurs alliés partagerons (ce document) avec leurs responsables religieux pour qu’ils le signent à leur tour. »

Parmi les signataires, le pasteur Mark Barwick, de l’Église anglicane de Strasbourg. La lecture de témoignages de personnes ayant suivi ces « thérapies » lui permet d’affirmer que « cela laisse beaucoup d’effets négatifs. L’orientation sexuelle de ces personnes est vue comme une erreur alors qu’elles sont nées comme ça. » C’est contre l’idée selon laquelle les personnes LGBT+ souffriraient « d’un problème psychologique qu’on peut changer » que ce pasteur souhaite lutter, estimant qu’ « on ne peut pas modifier la nature, les préférences, ni l’orientation sexuelle d’un individu. »

Des pratiques toujours d’actualité

Marina Zuccon, présidente du Carrefour des chrétiens inclusifs, une association pour l’inclusion des personnes LGBT+, a, elle aussi, apposé sa signature au bas de la déclaration. « C’est extrêmement important parce que c’est la première fois qu’un mouvement contre les thérapies de conversion part des Églises », souligne celle qui a participé à une commission parlementaire organisée en 2019, en amont d’une proposition de loi visant à interdire ces pratiques.

Car, comme le révélait l’an dernier le documentaire Arte « Homéothérapies, conversion forcée », puis le livre Dieu est amour (1) paru la même année, elles demeurent une réalité en France. « Cela se pratique aussi bien dans les églises catholiques et protestantes, constate Marina Zuccon. Souvent, les thérapies de conversions se situent dans une zone grise. Elles promettent d’accompagner et de soutenir les personnes homosexuelles mais tout en les culpabilisant. Il se crée parfois des phénomènes d’emprise mentale à la limite de l’emprise sectaire. Au prétexte de changer l’orientation sexuelle des fidèles, on prend le contrôle de la vie de ces croyants », résume-t-elle, condamnant les pratiques violentes consistant à des exorcismes répétés.

La présidente du Carrefour des chrétiens inclusifs insiste en outre sur le danger de soumettre des adolescents à ces thérapies. Elle conclut que « ce n’est pas parce que de nombreuses Églises considèrent l’homosexualité comme un péché qu’il faut laisser se perpétrer des abus envers les personnes LGBT +. Cette déclaration vise donc à mettre les Églises face à leurs responsabilités. »

 

(1) Dieu est amour. Infiltrés parmi ceux qui veulent « guérir » les homosexuels, Timothée de Rauglaudre et Jean-Loup Adénor, Flammarion, 304 pages, 19,90 €.

source :
Par Augustine Passilly
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