M. Gonzalez, 65 ans, est aujourd’hui en fauteuil roulant, amputé des membres inférieurs en raison d’un diabète. Mais on veut bien croire qu’à une autre époque, il a dû sans mal convaincre ses interlocuteurs, comme il le leur disait, qu’il était un “Gonzalez Santo de la Vega”, descendant de la grande noblesse espagnole.

En fait, membre d’une famille de quatre garçons nés de parents commerçants, il est allé jusqu’au BEPC avant de se lancer dans le commerce de voitures.

Il ne dément pas vraiment le portrait d’un homme “solitaire, atypique, distant, égoïste” que fait de lui la présidente Marie-Elisabeth Bancal au vu des témoignages du dossier. Il nie cependant avoir prétendu “travailler dans les services”, comme de nombreux témoins l’ont pourtant compris.

En 1999, pile au moment où Thierry Tilly rencontre la famille de Védrines, M. Gonzalez crée la “Blue Light Foundation” au Canada. Son but: “Bien vivre en aidant les autres”.

Il va mieux remplir la première mission que la seconde: aucun des mirobolants projets d’hôpital en Chine ou de dispensaire en Argentine ne verra le jour. Motif : “On n’a pas obtenu les financements”, car les bons du Trésor de collection qui lui appartenaient, d’une valeur de “plusieurs centaines de millions de dollars” qu’il présente aux banques ne les séduisent pas, et aucune n’accepte de lui prêter de l’argent.

“On a voulu aller trop vite, on était tellement pressés de faire quelque chose d’utile qu’on a été dépassé, c’est vrai”, admet-il.

Thierry Tilly là-dedans était chargé de “faire des ouvertures bancaires”. “Pour moi c’était un homme qui travaillait, qui avait certaines connaissances, qui faisait ce qu’il disait… Peut-être ai-je été trop crédule?” avance M. Gonzalez.

En revanche, il faut bien “donner une bonne image de la fondation” aux investisseurs, souligne le prévenu.

C’est ainsi qu’un tiers de 4,5 millions d’euros soutirés aux de Védrines dans toute cette affaire passeront à ses frais d’entretien pendant huit ans, costumes Zegna, montres Rolex, et grosses BMW compris. Avec l’argent, Jacques Gonzalez va même salarier une de ses amies, et lui faire apprendre l’art du massage.

Ghislaine de Védrines se souvient de sa rencontre avec lui, fin septembre 2001. Après l’avoir fait marcher “cinq ou six heures” dans Londres, Thierry Tilly la présente à celui qu’il appelle “son patron” au cours d’un dîner. Déjà ébranlée par les racontars de M. Tilly sur son mari, qu’elle a évincé de la famille quelques semaines plus tôt, elle s’entend dire cette fois par M. Gonzalez que sa soeur aînée (décédée d’un cancer quatre ans avant, ndlr) a été tuée par son beau-frère, et que son propre mari veut la tuer.

L’expert psychiatre Patrick Petit ne mâche pas ses mots, jugeant M. Gonzalez “trop poli pour être honnête” et décrivant chez lui “la façon de faire typique des escrocs”. Le psychologue Reynald Trannin ne discerne “aucun trouble psychique” chez ce prévenu.

M. Tilly prend soin de ne pas contredire frontalement son co-prévenu avec lequel il semble avoir eu des rapports de grand respect, bien que celui-ci n’ait pas levé le petit doigt pour aider sa famille quand il a été incarcéré.

Il accuse à nouveau les de Védrines et leurs querelles: “Je ne suis que le énième qu’ils ont utilisé, pressé comme un citron et jeté”, geint-il. La famille hausse les yeux au ciel.

source: http://172.19.1.7/dreamcompo/text/2012-10-01/main/832769-01-03.rtf

Par Odile DUPERRY

BORDEAUX, 01 oct 2012 (AFP) –