Pour 25 dollars, le groupe Appel à la liberté, qui défie ouvertement les mesures de santé publique en ces temps de pandémie, invite les gestionnaires de PME à un congrès « en lien avec les mesures coercitives du gouvernement ».

Trois conférenciers prendront la parole au congrès « en lien avec les mesures coercitives du gouvernement » que prévoit tenir le groupe Appel à la liberté (AAL) dans la région de Drummondville, le 6 septembre. L’événement, indique l’organisation, aura pour but d’offrir « protection et solutions » aux dirigeants d’entreprises sur plusieurs aspects, dont l’angle « constitutionnel légal ».

Le premier invité, Michel Le Brun, présenté dans l’invitation du 21 août comme avocat constitutionnaliste, couvrira cette partie.

Michel Le Brun n’est plus autorisé à porter le titre d’avocat, puisqu’il a démissionné du Barreau en 2014. « Un avocat qui a démissionné du Tableau de l’Ordre n’a plus le droit d’exercer la profession. S’il le fait tout de même, il s’expose à être poursuivi pour exercice illégal », précise une porte-parole du Barreau.

Peu après notre entrevue avec le groupe Appel à la liberté, à la fin août, la programmation du congrès a été changée. Celui que le groupe présente sous le nom de Michel Lebrun et non Le Brun (comme dans son dossier du Barreau) a alors été désigné comme étant expert en droit constitutionnel, puis, tout simplement, ex-avocat.

Le titre de Michel Le Brun a changé trois fois en quelques jours. / Captures d’écran prises les 21, 25 et 30 août 2020.

L’exercice du droit, dans sa définition, comprend aussi les avis et conseils juridiques. Michel Le Brun n’a donc plus le droit d’en prodiguer, sous peine de poursuites.

Sur son site Internet, le Barreau du Québec rappelle que « si vous répondez à une question d’une personne qui recherche une précision sur quelque chose qui n’est pas clair, lorsque vous fournissez plus qu’un renseignement ou une information mais donnez plutôt une opinion, un point de vue ou exprimez votre pensée sur un sujet sur lequel il peut y avoir plusieurs opinions différentes, après avoir référé aux dispositions législatives et réglementaires applicables, vous donnez une consultation ou un avis d’ordre juridique ».

Pour être légale, la partie « constitutionnelle légale » du congrès organisé par AAL devra donc être exempte de conseils, d’avis, d’opinions personnelles et de consultations à valeur juridique de la part de Michel Le Brun.

Dans une vidéo publiée lundi sur Facebook, le cofondateur d’Appel à la liberté Joël Hamel-Hogue dit que Michel Le Brun va « informer [les propriétaires de PME] sur les décrets, les lire en détail, [indiquer] c’est quoi les exceptions, les exemptions, comment avoir une moins grosse pression sur les épaules ».

AAL a refusé de fournir plus de précisions sur le rôle que l’ancien avocat occupera lors de son congrès.

Notons qu’après les conférences, une période de 15 à 30 minutes est prévue pour la présentation d’un dossier de recours collectif des PME contre le gouvernement. L’objet de la requête est inconnu. Dans l’invitation, Appel à la liberté affirme que son « travail acharné et incessant depuis les 4 derniers mois pour exposer et dénoncer la gestion gouvernementale de cette CRISE MONDIALE qui n’a ni queue ni tête commence maintenant à réellement porter ses fruits ».

Richard Décarie, qui partage régulièrement des publications antimasque sur les réseaux sociaux, fait aussi partie de la programmation.

Appel à la liberté présente le dernier invité, Jean-Jacques Crèvecœur, comme étant un coach en développement personnel. Dans une entrevue accordée à Joël Hamel-Hogue et publiée par le groupe sur Facebook, le Belge d’origine donne un bon aperçu de sa présentation au congrès. « Je vais apporter quelques informations sur ce qui s’est réellement passé au niveau de cette pseudo-pandémie », dit-il.

Plus loin dans la vidéo, Jean-Jacques Crèvecœur avance que les mesures mises en place par le gouvernement québécois sont de la torture psychologique. Il encourage aussi la population à désobéir pacifiquement aux mesures sanitaires imposées par le gouvernement.

En avril, dans une vidéo visionnée près d’un million de fois, il affirmait que la COVID-19 est « une manipulation monumentale à l’échelle de la planète avec un agenda caché qui consiste à vouloir installer une dictature mondiale, un gouvernement totalitaire mondial ».

Antivaccin notoire, Crèvecœur entretient une importante présence sur le Web : plus de 300 000 personnes le suivent sur Facebook. Fin juillet, il a indiqué que sa chaîne YouTube avait été supprimée pour non-respect des conditions d’utilisation.

« Je sais qui vous êtes », a-t-il alors déclaré dans une vidéo adressée aux gens qui ont dénoncé sa page. « Moi aussi, j’ai des armes. Et vous allez passer de très mauvais quarts d’heure dans les prochains jours, dans les prochaines semaines. »

Aussi dans cette enquête :

https://lactualite.com/societe/un-congres-des-pme-a-saveur-conspirationniste/