Des stages survivalistes aux nouvelles églises, en passant par Qanon, une note remise au gouvernement dresse un état des lieux des nouvelles tendances de dérives sectaires, dont certaines prospèrent à la faveur de la crise sanitaire.

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui a rédigé cette note avec les services de gendarmerie et de police, a reçu 3.008 signalements en 2020, dont 686 jugés sérieux.

► Santé, bien-être, médecins alternatives (40% des signalements)

Les signalements dans ce domaine «ne cessent d’augmenter» et «touchent l’ensemble du territoire». Parmi les nouvelles tendances, les stages de jeûnes extrêmes, ou le crudivorisme, une pratique qui consiste à consommer les aliments crus.

► Développement personnel, spirituel et psycho-spirituel

Répondant à une demande grandissante de quête existentielle, certaines personnalités n’hésitent pas à proposer des soins individualisés, souvent à des «prix exorbitants (jusqu’à 100.000 euros pour un coaching individualisé)», relève la Miviludes.

Parmi ces personnalités, la note cite entre autres le belge Jean-Jacques Crevecoeur, installé au Québec, qui utilise «la pandémie mondiale pour dénoncer un complot de la 5G qui serait à l’origine de l’apparition du virus».

La «Nouvelle Acropole», sa douzaine de centres en France, sa «milice intérieure» et son «service de renseignement» suscitent également l’inquiétude de la Miviludes, qui pointe du doigt «une idéologie d’extrême droite à l’opposé de la démocratie»

► Mouvements religieux (25% des signalements)

Pour la Miviludes, les Témoins de Jéhovah ont profité de la crise sanitaire pour «faire du prosélytisme abusif» auprès de la population par courriers et courriels.

Par ailleurs 383 signalements concernent des églises évangéliques, dont certaines «se développent grâce à des influences étrangères, qui prônent des valeurs contraires (à celles) portées par la République française : refus de l’égalité femme-homme, diabolisation de l’homosexualité, thérapies de conversion», relève la note.

Le Centre d’accueil universel ou Eglise universelle du Royaume de Dieu, installé dans une trentaine de villes françaises, est aussi surveillé de près. L’un des prédicateurs a avancé que le Covid-19 n’affectait que «ceux qui ne croyaient pas en Dieu» et a incité ses adeptes à «ne pas respecter les restrictions sanitaires».

► Dérives complotistes et néo-communautés

La note précise que le complotisme «ne peut être considéré comme une dérive sectaire dans son acception juridique», mais que certains phénomènes «peuvent répondre aux critères de dérives et de nocivité».

Parmi eux, venu des Etats-Unis et apparu il y a deux ans en France, le mouvement complotiste pro-Trump Qanon a fait l’objet de dix signalements depuis 2020, qui «constatent l’emprise et l’endoctrinement de proches». Pour la Miviludes, «l’augmentation des membres et diffuseurs de ces fausses informations inquiète au regard de la prochaine élection présidentielle».

Est surveillé aussi depuis 2015, le groupe de musique «Les Brigandes», dans le village de La Salvetat-sur-Agout(Hérault). Il est «ouvertement xénophobe», il «entretient des relations avec le groupe d’ultradroite la Ligue du Midi et s’apparente à un communautarisme identitaire radical», souligne la note.

► Survivalisme et collapsologie

La note revient sur la mort, dans le Morbihan, d’Ulysse Tâm Hà Duong, à l’âge de 25 ans, intoxiqué par une plante lors d’un stage proposé par les adeptes du survivalisme. Parmi ces derniers, on trouve des «individus politiquement ancrés très à droite, mais également de l’ultragauche, eu égard à la défiance omniprésente contre l’Etat et ses institutions».

source :courrier >Picard du 24 février 2021