«Le Département de la sécurité va examiner l’existence de délits pénaux qu’aurait commis cet individu. Le cas échéant, nous pourrions prendre des mesures préventives», a indiqué au Temps le président du Conseil d’Etat François Longchamp.

«Cette situation met en exergue le besoin impératif d’une avancée législative », a commenté pour sa part la maire de Genève, Sandrine Salerno, qui précise : «à titre personnel, je ne voudrais pas qu’un prédicateur homophobe se produise dans l’une des salles de la Ville.» –

Lou Engle, pasteur évangélique américain connu pour ses positions extrémistes sur l’homosexualité et l’avortement, prêchera-t-il à Genève? Le prédicateur controversé est invité à participer à une journée de jeûne et de prières le 31 mai à l’Uptown Geneva de 14 h à 2 h. Quelque quatre cents personnes sont attendues.

«Sa venue reste encore à confirmer», tempère Stéphane Hostettler, président de l’Eglise évangélique libre de Genève. Les organisateurs demeurent prudents. Leurs confrères vaudois ont récemment dû renoncer à faire venir Lou Engle à la suite d’un début de polémique.

C’est que le pasteur américain n’est pas du genre à laisser indifférent. A la tête de The Call, organisation religieuse américaine réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes, le leader évangélique prône lors de ses rassemblements une lecture stricte de la Bible. Ses thèmes de prédilection: la lutte contre l’homosexualité – qu’il compare à un «esprit d’anarchie» – et l’avortement. Lou Engle estime que «les gouvernements doivent être soumis à Dieu et qu’il faut appliquer la loi biblique dans la société», ajoute Philippe Gonzalez, sociologue à l’Université de Lausanne et auteur de Que ton règne vienne, des évangéliques tentés par le pouvoir absolu.

Le prédicateur américain avait déjà suscité une polémique en 2010 en saluant les efforts du gouvernement ougandais dans sa lutte contre l’homosexualité. Celui-ci prévoyait notamment l’emprisonnement à vie ou la peine de mort pour les gays et lesbiennes.

La manifestation du 31 mai à Genève est organisée par le pendant local de The Call, The Call Geneva. La structure, qui rassemble des églises et œuvres locales, nationales et internationales, a vu le jour en 2012. Elle a organisé son premier grand rassemblement en décembre de la même année à la cathédrale Saint-Pierre. Plus d’un millier de personnes étaient présentes. «Nous ne connaissions pas ce mouvement, nous n’avions pas de raison de leur refuser ce bâtiment», confie Charlotte Kuffer, présidente de l’Eglise protestante de Genève. Elle reconnaît aujourd’hui que ce lieu très symbolique n’est «peut-être pas le plus approprié»: «Si nous ne condamnons pas les mouvements tels que The Call Geneva, nous ne souhaitons en revanche pas les cautionner. Leur positionnement théologique, politique, et dans l’espace public est totalement étranger à notre république laïque.»

Le 31 mai, The Call Geneva se réunira cette fois à l’Uptown Geneva, derrière la gare. Les organisateurs souhaitaient louer le Bâtiment des Forces Motrices, pouvant accueillir près de 1000 personnes. Cet édifice étant aux mains de l’Etat, son règlement interdit l’organisation de toute manifestation religieuse, politique ou syndicale en ses murs.(TDG)

source : http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Un-evangeliste-homophobe-invite-a-precher-a-Geneve/story/15539380
Par Céline Garcin. ·