S’y retrouve qui peut : fin 2011, selon les dernières données disponibles, la France comptait… 58.700 prestataires de formation, soit près de 1 pour 1.000 habitants ! Et ce total est en hausse continue : en 2001, on n’en comptait « que » 45.000 environ. Le pactole des fonds de la formation – 32 milliards d’euros – attise bien des convoitises. Et rien de plus simple que de se lancer : il suffit de s’inscrire comme prestataire de formations à sa préfecture, sans avoir à prouver d’expérience ou de compétences en la matière.

Résultat, les entreprises qui en font leur unique ou principal e activité ne représentent au final que 30 % des prestataires. Au fil des ans se sont ajoutées d’autres entreprises, comme des cabinets de conseil ou des SSII, qui y trouvent des relais de croissance et étoffent ainsi leurs offres. On trouve aussi des associations, des syndicats, des coopératives ou encore des fondations, qui développent des structures internes pour former leurs adhérents et en attirer de nouveaux. Ils représentent 20 % des prestataires.

Et, surtout, les particuliers tentent de plus en plus leur chance. En 2011, sur les 58.700 prestataires recensés, 23 % sont ainsi des formateurs individuels (+ 7,8 % en un an). Au risque que le manque de contrôle, en amont comme en aval, laisse la porte ouverte aux incompétents, voire aux charlatans. Avec, à la clef, même si elles restent très limitées, des dérives sectaires, régulièrement dénoncées par la Miviludes (Mission interministérielle de lutte contre les sectes).

Trier le bon grain de l’ivraie

Ces dernières années, les syndicats ont tenté d’obtenir des pouvoirs publics une forme de régulation de ce marché. Sans succès, le patronat s’y opposant au nom de la libre concurrence. Pour aider les entreprises et les particuliers à distinguer le bon grain de l’ivraie, le gouvernement a toutefois créé en 1994 la qualification OPQF, identifiée dans le Code des marchés publics et délivrée aux organismes répondant à des critères « de professionalisme. » Quelque 900 l’ont à ce jour obtenu. La Fédération de la formation professionnelle (FFP) ne juge pas nécessaire d’aller plus loin, arguant que l’ouverture du marché fait son dynamisme et est source d’innovation pédagogique. D’autant, insiste-t-elle, que, concurrence oblige, les « mauvais » organismes de formation périclitent vite, en témoigne le fort turnover sur ce marché : en 2011, 31 % des organismes avaient moins de trois ans d’existence, et seul un tiers existait depuis plus de onze ans. Et malgré la multitude d’intervenants, le marché est en réalité très concentré : en 2011, 2.900 organismes (5 % du total) ont réalisé 70 % du chiffre d’affaires du secteur, qui a atteint 13,1 milliards d’euros.

D. P.

source : Par Derek Perrotte
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0203294863696-un-marche-qui-attise-toutes-les-convoitises-648291.php