La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes, a désormais à sa tête un médecin. Serge Blisko, ancien député-maire socialiste du 13e arrondissement de Paris, prend la succession du député UMP Georges Fenech.
Un médecin pour diriger la Miviludes. L’organisme de lutte contre les dérives sectaires, rattaché à Matignon, voit arriver à sa tête Serge Blisko, ancien député-maire PS, et médecin. Il est président du conseil de surveillance du centre hospitalier Sainte-Anne, et ancien vice-président d’une commission d’enquête parlementaire sur l’influence des sectes sur les mineurs. Si la nomination d’un professionnel de la santé peut surprendre de prime abord, elle semble pourtant guidée par la volonté de mettre à mal l’un des moyens de communication des sectes : la médecine.
Depuis plusieurs mois, ce sont tout particulièrement les vaccins qui sont dans le viseur des organisations sectaires. La campagne de vaccination H1N1 a été le point de départ d’une vague de critiques de la vaccination en général. C’est ce qu’explique Serge Blisko, joint par Ariane Griessel : (à écouter sur franceculture)

Que reprochent les mouvements sectaires aux vaccins ? D’une part leur inefficacité, de l’autre, leurs effets secondaires – pour certains avérés – et leur dangerosité. Mais ces critiques sont souvent accompagnées d’une théorie du complot, selon laquelle les pouvoirs politiques et économiques auraient conçu les vaccins à des fins non médicales, pour asseoir leur pouvoir.
Des liens entre médecines alternatives et dérives sectaires
Le refus de la vaccination n’est pas la seule pratique dont les sectes font la promotion. Les dérives sectaires qui passent par des méthodes médicales « alternatives » sont nombreuses. La Miviludes a tenté d’en faire l’inventaire dans un guide, à l’attention des particuliers et des professionnels de santé, publié au mois d’avril. L’une des plus connues est celle proposée par l’église de Scientologie, qui refuse tout recours à la psychiatrie. Et les sectes semblent ne reculer devant rien dans ce domaine pour parvenir à leurs fins. Explications d’Ariane Griessel : (à écouter sur franceculture)
La campagne massive de vaccination H1N1 a provoqué une augmentation des critiques à l’encontre des vaccins Gilles Halais © Radio France
Parmi les pratiques les plus répandues, on retrouve aussi la “médecine nouvelle” de Ryke Geerd Hamer, reprise et adaptée en France par Claude Sabbah sous le nom de “biologie totale”, qui incite à refuser tout traitement traditionnel. La raison ? Toutes les maladies seraient le fruit d’un choc psychologique : il serait donc possible de guérir d’un cancer sans aucun traitement. Les adeptes de Hamer refusent la chirurgie et la chimiothérapie. La plainte d’un homme dont l’épouse, atteinte d’un cancer du sein, avait refusé de se faire soigner, et a succombé à la maladie, a conduit à la condamnation de Hamer en 2004, à trois ans de prison ferme.
Mais les théories de Hamer continuent d’être très véhiculées, par l’intermédiaire d’internet. Parmi les détracteurs de la vaccination, qui sont montés au front au moment des campagnes de vaccination du virus H1N1, beaucoup sont adeptes de la “biologie totale”. Ils se basent sur le postulat suivant : si aucune maladie n’est contagieuse, si toute infection est le fruit d’un choc psychologique, un vaccin n’a aucune utilité et c’est donc qu’il a été conçu à d’autres fins.
Beaucoup d’autres pratiques prétendument médicales sont elles aussi identifiées par la Miviludes comme des dérives sectaires. Leur éventail recouvre des réalités particulièrement diverses, de certains massages jusqu’à l’hygiénisme ou à de nouvelles techniques chamaniques. Toutes présentent au moins le même danger : en remettant en question les sciences traditionnelles, elles peuvent provoquer des situations à risque, des problèmes de nutrition, ou le refus catégorique des soins.

Source : 03.08.2012
franceculture.fr

Julien Baldacchino
http://www.franceculture.fr/2012-08-03-un-medecin-nomme-pour-lutter-contre-les-sectes-et-venir-a-bout-des-derives-medicales