La lutte contre les dérives sectaires ne connaît pas de répit en temps de pandémie. «Vous avez de nouveaux gourous qui se servent de la pandémie pour prêcher des mesures soi-disant de bien-être, mais qui sont des mesures de sujétion psychologique, voire de captation d’argent ou de biens», a dénoncé mardi sur FranceInfo Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.
Dans cette perspective, la ministre a indiqué multiplier par dix les moyens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), et placer à sa tête la magistrate Hanène Romdhane. Un nouveau conseil d’orientation a également été lancé mardi, composé «d’experts» comme George Fenech, la psychiatre Marie-France Hirigoyen et encore la philosophe Cynthia Fleury.

Déjà existant, ce conseil était inactif depuis plusieurs années. Interrogée par Le Figaro, Caroline Duchêne, conseillère communication de Marlène Schiappa, explique que cette version 2.0 a pour vocation de redonner une «impulsion» dans la lutte contre les dérives sectaires. Psychiatres, associations, parlementaires spécialisés sur la question et représentants d’administration, comme Bercy et le ministère de la Justice*, de nombreuses fonctions sont réunies autour de la question : «Les membres pourront auditionner des victimes, être en contact direct avec les associations et établir des recommandations pour que l’on puisse prendre des mesures en matière de politiques publiques».

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Collaborer avec les associations et les victimes

Ce nouveau conseil est notamment axé sur une plus large collaboration avec les associations, qui se sentent dorénavant plus intégrées dans le dispositif, comme nous le confie la porte-parole de l’Unadfi, association qui lutte contre les dérives sectaires depuis plus de 45 ans. Après une première réunion organisée par Marlène Schiappa hier matin par visio conférence, la présidente de l’association a ressenti une «réelle volonté» de la ministre «de rendre ce travail productif».

Au cours de ces réunions, qui auront lieu «très régulièrement», les victimes pourront être auditionnées pour apporter leur regard jugé «très précieux», nous explique Caroline Duchêne. La conseillère prend notamment l’exemple des témoignages anonymes sur l’Église de la scientologie ou ceux sur la secte La Famille. «Récemment, un jeune homme sorti d’une secte a envoyé une lettre ouverte au président de la République et à Marlène Schiappa pour offrir son aide», nous raconte-t-elle.

Pour aller plus loin, le ministère de l’Intérieur va proposer dans les prochaines semaines un appel à projets d’un million d’euros. Les associations pourront donc proposer des actions et être financées : «Avant, on avait 100.000 euros pour soutenir les initiatives des associations. Forcément, sur tout le territoire, on arrive vite à de très petits montants. On a donc multiplié par dix les moyens alloués», fait savoir la conseillère de Marlène Schiappa.

« Si des personnes rejoignent ces croyances, c’est parce qu’elles ne sont pas bien prises en charge dans le système actuel et par l’État, on en est conscient. »

Caroline Duchêne, la conseillère communication de Marlène Schiappa

Une prévalence constatée dans le domaine de la santé

Le but des recommandations du conseil d’orientation est d’améliorer les politiques publiques déjà en vigueur. Pour le cabinet de la ministre, une prévalence de ces dérives a en effet été constatée sur le domaine de la santé : «sur 3000 signalements en 2020, 40% concernent le domaine de la santé», a détaillé Marlène Schiappa sur FranceInfo. Pour Caroline Duchêne, «si des personnes rejoignent ces croyances, c’est parce qu’elles ne sont pas bien prises en charge dans le système actuel et par l’État, on en est conscient», fait-elle savoir.

Femmes enceintes, personnes atteintes d’un cancer… Selon le cabinet de la ministre, «les femmes ont une prévalence à rejoindre les dérives sectaires», due à «une précarité financière». «On cherche à avoir une réflexion globale sur une meilleure prise en charge pour avoir un meilleur accompagnement de ces personnes», conclut la conseillère.