EVRY, 10 juin 2009 (AFP) – Un pasteur évangéliste de 50 ans, dirigeant une Eglise qualifiée de « secte » par de nombreux témoins, a été condamné mercredi à 30 mois de prison, dont 18 avec sursis et mise à l’épreuve, pour agression sexuelle et abus de faiblesse par le tribunal correctionnel d’Evry. Jean-Pierre Harnais a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur une « diaconesse », et d’abus de faiblesse sur celle-ci, ainsi que sur une autre victime. Sa condamnation s’accompagne d’une interdiction d’exercer l’activité professionnelle qui l’occupait lors de la commission des infractions. Il a en revanche été relaxé des faits d’abus de confiance. Son épouse, poursuivie de ce seul chef, a elle aussi été relaxée. Ce cuisinier de formation, dirigeant « l’association de l’assemblée des Chrétiens évangéliques de l’onction », était accusé d’agressions sexuelles par au moins trois femmes, mais les faits sont prescrits pour deux d’entre elles. Cet homme d’origine antillaise est décrit comme « tyrannique », « sectaire », par d’anciens fidèles le qualifiant de « gourou », de « guide », décrivant des scènes d’hystérie lors de prêches de plusieurs heures. Lors de l’audience le 13 mai, l’une des victimes, estimant avoir subi un « lavage de cerveau, un conditionnement », avait décrit le « fonctionnement sectaire » de l’Eglise, ses interdictions: regarder la télévision, voter. « Il m’a éloigné de ma famille, de mes amis », qu’il qualifiait de « sataniques », avait-t-elle dit. « Il m’isolait de mes proches, il m’a complètement endoctrinée », avait renchéri une autre victime, qui a fait une tentative de suicide. Le pasteur s’était posé en victime d’un « complot » ourdi par un « pasteur concurrent », son avocate évoquant un « règlement de compte dans une association cultuelle ». Réfutant toute influence sur ses ouailles, il avait toutefois admis avoir été « pris au piège du désir, du sexe ». Outre la « dîme » (10% du salaire) et les « offrandes » versée par les fidèles, M. Harnais a bénéficié d’importants dons d’argent, de voitures, qui ont amené l’une des victimes à contracter des crédits, la conduisant au surendettement.
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