TULLE, 18 nov 2009 (AFP) – Un homme de 57 ans a été condamné mercredi à quatorze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la Corrèze, à Tulle, pour viols par ascendant légitime sur sa fille majeure avec qui il a eu trois enfants entre 1998 et 2001.
Patrick V. n’a pas réagi à l’énoncé du verdict. Son avocat, Me Philippe Clarissou, a dit qu’il “risquait de faire appel” de cette condamnation à 14 ans de réclusion, assortie d’un suivi socio-judiciaire comprenant une obligation de soins pendant cinq ans et d’une interdiction d’entrer en relation avec sa fille et les trois enfants qu’ils ont eus ensemble entre 1998 et 2001 en Corrèze et en Autriche.
Les jurés ont suivi en tous points les réquisitions de l’avocat général qui leur avait demandé de condamner “sévèrement” l’accusé “en retenant la contrainte morale de type sectaire imposée par Patrick V. à sa fille” en estimant notamment que “Sophie était devenue une esclave sexuelle”.
Selon le ministère public, l’accusé avait fait de sa famille une “mini-secte” en la “coupant du monde”, en “excluant ceux qui n’adhéraient pas à sa vérité” et “en manipulant mentalement sa fille” pour la convaincre des bienfaits de la reproduction consanguine.
Me Dominique Val, avocate de la fille de l’accusé, aujourd’hui âgée de 35 ans, avait souligné que le père avait “abusé de son autorité parentale” pour “utiliser” sa fille “à son propre bénéfice sexuel”. Par ses “caresses”, une “nudité imposée” et en profitant d’une mère en retrait, il a créé un “climat pré-incestueux dès l’adolescence de sa fille”, a-t-elle dit.

Le discours de l’accusé sur les bienfaits d’une reproduction consanguine est, avait-elle ajouté, une “théorie utilitaire qui a servi à légitimer le fait qu’il puisse coucher avec sa fille et lui faire des enfants” quand celle-ci, à partir de ses 23 ans, a vécu en couple avec lui.
L’avocat de la défense, Me Philippe Clarissou, avait plaidé l’acquittement en affirmant que les “éléments de la contrainte morale” n’étaient pas réunis.
“Vous vous dites: +Ce type est un salaud+. Peut-être, sans doute, mais ce n’est pas un violeur (…). La justice n’est pas la morale”, avait-il dit aux jurés en évoquant le classement sans suite de précédentes plaintes, en 1998 et en 2000, et l’absence d'”élément intentionnel” de la part de l’accusé.

L’accusé a répété mercredi que “s'(il) avait su un seul instant que Sophie n’était pas consentante, il ne se serait jamais rien passé.”
Les défenseurs des parties civiles et de la défense comme l’avocat général sont également revenus sur le “vide juridique” entourant l’inceste, non réprimé en tant que tel par le code pénal français.
L’avocat général avait fait valoir que le code civil le prohibait “en creux”, notamment en interdisant le mariage entre parents.
Après l’énoncé du verdict, Laurent, le frère de la victime et le fils de l’accusé, a dit à la presse “espérer que (son) père fasse bon usage de cette peine”.

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AFP 181942 NOV 09