TOULOUSE (AP) — Le procès à Rodez d’un ancien membre des Béatitudes pour attouchements sexuels sur mineurs relance la polémique autour d’une communauté qui a fait l’objet de plusieurs plaintes ces dernières années et qui est soumise à une surveillance de la Miviludes. Ces dernières années, les Béatitudes ont notamment été visées par des plaintes pour abus sexuels sur mineurs, abus sexuels par personnes ayant autorité, ou non-paiement de cotisations retraite. Son fondateur, le frère « Ephraïm », de son vrai nom Gérard Croissant, a en outre été révoqué en 2007 par l’Eglise catholique pour avoir entretenu des relations sexuelles avec des religieuses. Quant à son beau-frère, Philippe Madre, diacre et ancien modérateur général de la communauté des Béatitudes, il a été « renvoyé de l’état clérical » en mai 2011 après sa condamnation par l’Eglise pour abus sexuel par personne ayant autorité. Vivement critiquée par les associations de prévention contre le risque sectaire, la communauté des Béatitudes fait aussi l’objet d’une surveillance de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Très récemment, dans une lettre adressée à Mgr Antoine Hérouard, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, le Centre contre les manipulations mentales (CCMM) a fait part de ses inquiétudes à l’égard des « pratiques sectaires de la communauté des Béatitudes ». Pour cette association, « il ne suffit pas d’exclure les anciens dirigeants de la communauté qui se trouvent impliqués » et « l’Eglise doit aujourd’hui admettre publiquement le déni dont elle a fait preuve depuis de nombreuses années ». « Il lui appartient d’ouvrir une procédure d’enquête interne pour faire la clarté sur les agissements des membres de la Communauté qui continuent à se présenter comme exerçant un ministère d’Eglise », ajoute le CCMM. Fondée en 1973 dans la mouvance du Renouveau charismatique, présente sur les cinq continents et implantée dans 65 diocèses, la communauté des Béatitudes a été reconnue en 2002 par le Vatican comme « association privée de fidèles de droit pontifical ». Mais en 2007, elle a dû après ses dérives engager à la demande de Rome un processus de restructuration. Le 29 juin 2011, l’archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, a érigé la communauté en « association publique de fidèles de droit diocésain ». Celle-ci espère être bientôt consacrée par Benoît XVI comme un nouvel ordre religieux.
Dans un communiqué diffusé le 15 novembre, soit quinze jours avant l’ouverture du procès de Pierre-Etienne Albert, la communauté des Béatitudes a confirmé être « engagée depuis plusieurs années, à la demande des autorités de l’Eglise catholique, dans un processus non seulement de clarification et d’assainissement mais de restructuration en profondeur et de refondation ». Elle entend « assumer toutes ses responsabilités devant l’étalage public de ces délits » et ajoute que « la mise à jour des actes gravement coupables commis par plusieurs de ses membres, en particulier son fondateur, la conduit à aller plus avant dans la démarche de repentance et de purification de sa mémoire ». Mais selon elle, « les graves délits accomplis en son sein, par un nombre restreint de personnes (…) ne doivent cependant pas conduire à méconnaître, voire déconsidérer la valeur de son identité attestée par l’Eglise ». La communauté des Béatitudes dénonce « les accusations mensongères et diffamatoires portées contre elle, en particulier lorsqu’elle se voit traitée de ‘secte' ».
Source : NOUVELS OBS et AP 29 novembre 2011