Un psychologue clermontois dénonce l’impact du Covid sur la maltraitance des enfants

Pour Marc Ferrero, les conflits parents-enfants, qui ont explosé pendant les deux périodes de confinement, vont continuer à laisser des traces.

Le psychologue Marc Ferrero, nommé en septembre dernier assesseur au tribunal pour enfant de Clermont-Ferrand nous a livré son point de vue sur l’explosion des cas pendant la crise du covid : pour lui, cette nette dégradation de la situation va avoir des conséquences sur le long terme.

La maltraitance des enfants n’est pas un phénomène nouveau : tous les 5 jours, en moyenne, un enfant est tué par sa propre famille ! Ceux qui sont « simplement » maltraités sont infiniment plus nombreux : 20% des français estiment avoir été victime de maltraitance pendant leur enfance et pratiquement un français sur deux suspecte un cas de maltraitance dans son environnement immédiat.  Des chiffres terrifiants qui ont encore explosé pendant l’épidémie de Covid et les confinements, avec des interventions policières en hausse de près de 50%.

Un sujet qui reste tabou

Un phénomène que connaît bien Marc Ferrero, psychologue clinicien, nommé récemment assesseur au tribunal pour enfants de Clermont-Ferrand et auteur de « L’enfant et ses complexes » (Ed. Mardaga).

La maltraitance des enfants, au-delà d’affaires qui relèvent de faits divers, reste un sujet encore méconnu en France.

« C’est un vrai sujet tabou qui remonte à la nuit des temps. Aujourd’hui, on a l’impression que le phénomène diminue, car il est plus médiatisé qu’autrefois, mais il perdure, et les chiffres sont accablants. Songez qu’il y a 1.500 maisons en France qui accueillent des enfants maltraités qu’on estime à plus de 300.000, avec 70.000 nouveaux chaque année ! »

Placer un enfant coûte cher !

« Et le phénomène ne baisse pas, bien au contraire ! Il est même minimisé, car la société est incapable de prendre en charge les enfants maltraités : l’option systématiquement privilégiée est de laisser l’enfant dans sa famille. Avec des dépenses sociales qui explosent et un prix de journée de 200 à 250 € par enfant placé, on comprend ce choix ! »

Pourquoi la maltraitance se développe-t-elle ?

« C’est certainement multifactoriel, mais il est clair que même si les mentalités ont évolué, les parents sont beaucoup moins à l’écoute. Et l’omniprésence des écrans, ceux des enfants mais aussi ceux des parents, n’y est pas étrangère. On estime qu’avant trois ans, aucun enfant ne devrait être connecté !

Le confinement, une période à haut risque !

Évidemment, c’est loin d’être le cas, et de moins en moins. Et c’est étrange de remarquer que tous les grands inventeurs de la Silicon Valley qui sont à l’origine de l’omniprésence des écrans dans nos vies… les interdisent à leurs jeunes enfants ! Ils ont bien conscience des dangers qu’ils représentent ! »

Évidemment, l’épidémie de Covid n’a pas arrangé les choses !

« Loin de là, mais c’est compréhensible. Le Covid a créé un climat d’angoisse. Une peur que l’enfant ramène le virus à la maison, ou la peur de le leur transmettre. Rajoutons que le confinement lui-même, dans des appartements exigus, avec des parents qui continuent à travailler derrière leur écran, a créé des situations conflictuelles, aggravées par la promiscuité.

Conséquences à long terme

Les conflits, difficiles à éviter, ont explosé. Mais le problème ne s’arrête pas là : il y a un vrai risque que les mauvais plis pris pendant le confinement perdurent. Ils ne vont pas disparaitre comme ça, et ces gens ont besoin d’être aidés. Et l’on peut encore aller plus loin, car il est clair qu’un enfant battu a plus de chances de devenir un parent battant. Cette crise va avoir des conséquences sur le long terme».

 

Pratique : Face à l’enfance maltraitée composez le 119, “Allo enfance en danger”.

Arnaud Vernet

source : https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/un-psychologue-clermontois-denonce-limpact-du-covid-sur-la-maltraitance-des-enfants_13892684/