Parce que sa femme aurait versé 12.000 euros à une étrange association religieuse, un Puydômois a déposé plainte, entraînant l’ouverture d’une enquête pour « abus de faiblesse ».

« Ce jour-là, je reçus un attrait irrésistible pour la prière et, à midi, j’entendis une voix intérieure qui me remplissait de joie et de paix et qui m’annonçait de manière solennelle ceci: “Chantez le magnificat car je vous annonce que vous verrez la Sainte Vierge Marie. Remerciez Dieu pour cette grâce ! ».

A.M. raconte ainsi, sur son site Internet, comment la Vierge Marie lui est apparue, le 23 juin 1986, pour faire d’elle sa « messagère ». Cette aide-soignante de 46 ans, domiciliée en Corse, se targue ensuite de la reconnaissance du Vatican, en utilisant habilement de simples réponses de politesse à ses courriers.« Cette personne prétend être une messagère de Dieu et fait état de soutiens de personnalités de l’Église qu’elle n’a pas et d’apparitions qui n’ont pas été validées », indique l’évêché d’Ajaccio. Pour le clergé, A.M. serait donc un imposteur (*).Pour le parquet de Bastia, elle serait aussi un escroc.

” Besoin d’espèces sonnantes et trébuchantes ”

Une enquête préliminaire pour « abus de faiblesse sur une personne vulnérable en liaison avec une entreprise sectaire » a été ouverte à l’encontre de l’association qu’elle a créée : « La famille Ave Maria de l’enfant Jésus ». À l’origine des poursuites, un signalement reçu par l’Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Adfi) d’Auvergne, qui a abouti à un dépôt de plainte.Un Puydômois aurait en effet découvert que son épouse avait puisé 12.000 ? dans les économies du couple pour les verser à la « messagère de la Vierge Marie ».

En effet dans son « Divin décret d’amour » (pas moins de cinq volumes de ce recueil sont publiés en ligne !), A.M. ne compile pas seulement les prières à « Notre Dame, Marie Immaculée, Notre Douce Mère du Ciel » et les récits emberlificotés de ses expériences miraculeuses, mais évoque aussi son « besoin d’espèces sonnantes et trébuchantes ». Licenciée de la maison de retraite où elle travaillait pour avoir parlé de ses visions, A.M. consacre tout son temps à son association.

Revêtue d’un voile et d’un habit blancs, avec un dessin de la Vierge Marie sur le plastron, elle affirme « porter les stigmates du Christ » et suscite un important culte autour de sa personnalité. Ses fidèles, comme la Puydômoise citée dans la plainte, sont-ils en danger ?
« Nous passons tout en revue pour voir si nous avons à faire à des “doux dingues” ou s’il y a eu une “entourloupe” », assure le procureur de la République de Bastia.

Bertrand YVERNAULT
bertrand.yvernault@centrefrance.com

(*) L’évêché d’Ajaccio a tenté, sans succès, de faire fermer le site Internet de la « messagère ».