Un rapport récemment effectué pour plusieurs entreprises françaises, et dont l’AFP a pris connaissance, révèle la "pression islamiste" qui s’exerce dans certaines entreprises de la grande distribution et de la sécurité, notamment par le biais d’un "prosélytisme militant et contestataire".

Ce "rapport de recherche" a été écrit par Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), à partir d’entretiens avec des policiers, des cadres d’entreprises et des élus locaux, et d’enquêtes sur le terrain.

Le texte d’une trentaine de pages, daté de septembre, constitue une "version révisée" d’une étude de 2004 sur la montée de l’islamisme dans la société française, réalisée pour le compte d’entreprises de la grande distribution et du transport de colis – dont les noms n’ont pas été révélés – afin de déterminer les "impacts possibles" sur leurs activités.

Selon ce rapport, la stratégie de la "poussée islamiste" dans les entreprises passe par trois étapes : le prosélytisme religieux, la prise de contrôle de la communauté musulmane dans l’entreprise, et la remise en question de ses règles de fonctionnement pour imposer les valeurs islamiques.
"Les exemples sont nombreux, même si encore peu d’entreprises acceptent de les évoquer ouvertement", souligne ce rapport, qui cite la découverte d’une "dizaines de salles de prières clandestines à EuroDisney" ou le cas, en 2002, du président d’une société de fret à l’aéroport de Roissy, employant 3.000 personnes, qui s’est plaint auprès des Renseignements généraux (RG) de
"l’implantation d’un petit groupe de confession musulmane décidé à imposer leur mode de travail sous la menace de grèves à répétition".
   

Des postes cibles 
   

Le rapport relève que la grande distribution apparaît comme la plus concernée. "De nombreux hypermarchés observent que les employés les plus engagés dans le prosélytisme islamique cherchent systématiquement" à occuper les postes de standardistes, de chauffeurs-livreurs, de coursiers, de caissières ou de sécurité, "qui permettent des échanges d’information,
d’argent et de marchandises".

Par ailleurs, les "beurettes" des grandes surfaces constituent "la nouvelle cible des islamistes", écrit Eric Denécé. Il cite plusieurs cas, dont celui d’un hypermarché de Livry-Gargan où deux caissières qui refusaient de porter le voile sont "considérées comme étant séquestrées par leur famille", aucun
contact n’ayant pu être établi avec elles après leur départ normal, un soir, du magasin.

 "Cette montée en puissance de l’islamisme radical" représente "une nouvelle menace qui peut menacer l’intégrité de l’entreprise" et  "qui doit être assimilée à un risque sectaire davantage que contestataire", assure le rapport.  Il propose donc de "traiter ce risque de la même manière que les risques représentés par l’Eglise de la Scientologie ou les autres sectes".

Par ailleurs, à côté de ces "risques sectaires", le rapport observe "la multiplication de pratiques criminelles" dans ces entreprises : vols dans les stocks; cambriolages dans l’entreprise, ses fournisseurs ou les transporteurs de fonds grâce à des informations provenant de l’intérieur de la société ou d’entreprises sous-traitantes; détournements de fonds sur des sommes en liquide à la caisse; détournement et falsification de chèques".

"Ces pratiques ont deux finalités, la délinquance utilisant l’islam comme prétexte et le financement local du terrorisme", ajoute le rapport.
  

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PARIS, 11 oct 2005 (AFP)