La voix est douce et posée, le sourire enjôleur et le regard bienveillant. René Mey a tout de celui qui inspire confiance. Et les gens l’aiment.  Au Mexique, c’est même devenu une petite célébrité, écumant les plateaux de télé pour prêcher sa bonne parole. Il est “voyant guérisseur”, installé depuis 5 ans au Mexique. Là bas, ils sont des milliers à venir l’écouter et à espérer qu’il les touche pour éloigner la maladie.

Le ‘’Gran Sanador” (le grand guérisseur) est connu pour ça là-bas, dans un pays où les chamans sont légion. Il se produit aussi au Chili et aux États-Unis. “Un être qu’on dirait venu d’ailleurs” Âgé de 53 ans, il est, dit-on, capable de soigner les malades du cancer seulement en posant ses mains sur eux. Ces conférences sont gratuites, une bénédiction dans un pays frappé par la pauvreté.  Il propose seulement à la sortie, au passage, des figurines à son effigie, quelques livres et des bouteilles d’eau, qui une fois touchées, auraient des vertus guérissantes, en plus de valoir deux fois leur prix habituel.

René Mey dit aussi construire des centaines de centres de soins gratuits au Mexique, où seraient dispensées ses thérapies. Car depuis son enfance passée à Grillon, il dit posséder des dons extraordinaires.  “Un être qu’on dirait venu d’ailleurs, qui a le don de voir à travers ceux qu’il rencontre, d’apaiser, capable aussi d’allonger ses bras ou d’arrêter un train pour ne pas le rater. “*.  Mais le bienfaiteur a aussi sa face cachée.  Un passé chaotique, marqué par un séjour en prison en 2000. Une autre vie où René Mey, qui se disait déjà médium et voyant, était un homme d’affaires avisé.

Il possédait des centaines d’appartements à Marseille et Toulon et des sociétés par dizaines. Jusqu’au jour où un huissier a frappé à sa porte. “L’homme de paix”, comme il aime se décrire, a vu rouge. Plusieurs coups violents assénés et l’huissier a eu droit à plusieurs jours d’ITT. Il fera deux ans et demi de prison (condamné à cinq ans mais libéré pour bonne conduite).  À sa sortie, après un divorce compliqué, ce père de six enfants a repris ses affaires en ambitionnant d’exporter ses méthodes spirituelles ailleurs. Il passera par la Côte d’Ivoire puis Madagascar avant d’arriver au Mexique, où l’on est plus indulgent avec lui. Pour réaliser ce dossier, nous avons tenté de le joindre à plusieurs reprises, mais il ne parle plus aux journalistes français depuis plusieurs années.

*“Celui côtoie les anges”, Juliette Laure, édition Lumière, 2006

http://www.ledauphine.com/vaucluse/2012/08/02/le-president-d-une-association-anti-sectes-il-est-loin-mais-on-garde-un-oeil-sur-lui

RELIGION
Le président d’une association anti-sectes : « Il est loin, mais on garde un œil sur lui »

René Mey n’a fait, à ce jour, l’objet d’aucun “signalement” auprès de la Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, qui dépend du Premier ministre. « Nous connaissons ses activités et savons qu’il est désormais au Mexique, mais nous n’avons eu personne en France qui est venu nous voir pour se plaindre, explique Samir Khalfaoui, conseiller au Pôle Santé de la Miviludes. Mais malheureusement, René Mey n’est pas une exception, on observe ces derniers temps une explosion du nombre de pseudo-thérapeutes, qui s’engouffrent dans le champ de la santé, car il y a de la demande et que ça peut rapporter beaucoup d’argent. Dans notre guide “Santé et dérives sectaires”, nous répertorions les gourous-thérapeutes.

“Ce sont des gens qui n’ont aucune formation scientifique et qui prétendent proposer une autre forme de médecine, avec un discours de charlatan sur fond de recherche du “bien-être”. » « Les bons thérapeutes sont ceux qui vous laissent être indépendants »Les experts estiment que la dérive sectaire apparaît dès lors « qu’il y a manipulation mentale. Si quelqu’un vous explique pourquoi vous avez un cancer et que vous avez un moyen de vous guérir en vous disant que les traitements classiques sont du poison, tout en tentant de vous couper des liens familiaux et professionnels. », analyse M.Khalfaoui.

Il ne s’agit pas pour autant de mettre tous les thérapeutes dans le même sac. « Il y a de bons thérapeutes. Les mauvais sont ceux qui font tout pour vous rendre dépendant, puis qui vous proposent ensuite de devenir vous-même thérapeute, pour que vous restiez dans le même cercle… » Un phénomène qui s’amplifie avec Internet, support indispensable des pseudo thérapeutes. « N’importe qui peut inventer une méthode et la diffuser sur Internet. Cela ouvre des fenêtres, c’est rapide et anonyme. Si vous êtes en quête de réponse, dans une période difficile, vous allez trouver ce quelque chose sur Internet… Nous sommes tous des victimes potentielles… »

Didier Pachoud, président et fondateur du Gemppi*, connaît lui René Mey depuis plusieurs années. « Je m’étais intéressé à son livre ‘’Celui qui côtoie les anges’’ que j’avais analysé. Et je l’avais testé quand il était médium à Marseille, je m’étais rendu à une séance gratuite de voyance, raconte M.Pachoud, en lui racontant que ma tante avait un cancer et qu’elle ne voulait plus de la médecine classique, je lui ai demandé s’il fallait continuer. Il m’avait dit que ça ne s’arrangerait ni ne s’aggraverai pas. Il n’avait pas vu que c’était une fiction, pour un voyant, ce n’est pas terrible… »

Pour Didier Pachoud, René Mey a « le profil potentiel du gourou si l’on s’attache à ce qu’il dit. […] Il est loin, mais on garde un œil sur lui. »

** Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu

http://www.ledauphine.com/vaucluse/2012/08/02/thierry-mariani-l-a-rencontre-en-2006-il-ne-m-a-gueri-de-rien

POLITIQUE
Thierry Mariani l’a rencontré en 2006 : « Il ne m’a guéri de rien ! »

Thierry Mariani, ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, a déjà rencontré René Mey. C’était en 2006, à Valréas, où il était maire (et député de la quatrième circonscription). On prêtait alors à René Mey une influence grandissante sur Laurent Gbagbo, l’ancien président de la Côte d’Ivoire. « Je me souviens de ce rendez-vous, il était venu avec des parlementaires ivoiriens de la majorité de l’époque me semble-t-il. Je les ai reçus comme je reçois les parlementaires d’autres pays ‘’démocratiques’’, explique le nouveau député de la 11e circonscription des Français de l’étranger. M.Mey avait été tout à fait correcte. Je n’ai ni un mauvais ni un bon souvenir de cette rencontre. Je me souviens d’une forte personnalité. C’était un peu lui qui conduisait la délégation, il menait les débats. Concernant ses activités, à partir du moment où les Français de l’étranger respectent les lois du pays où ils résident… En tout cas moi, il ne m’a guéri de rien ! ».

source : VAUCLUSE MATIN / 3 août 2012

http://www.ledauphine.com/vaucluse/2012/08/03/un-vauclusien-devenu-guerisseur-controverse-au-mexique-xrgy