La police aux frontières prévenue par les parents d’une adolescente en fugue a pu intercepter mardi la jeune fille alors qu’elle était sur le point d’embarquer vers la Turquie «pour rejoindre le jihad», selon Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble (Isère). Epaulés par les gendarmes isérois qui la recherchaient, les policiers l’ont empêchée de monter à bord de l’avion alors qu’elle se trouvait déjà dans la zone d’embarquement.

Radicalisation.Le Dauphiné libéré précise que cette très jeune fille âgée d’à peine 14 ans, scolarisée à Claix, à 10 km au sud de Grenoble (Isère), avait disparu de son collège, lundi. Ses parents avaient immédiatement signalé la fugue, précisant qu’ils s’inquiétaient des signes de radicalisation religieuse que manifestait leur fille depuis quelque temps.

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’ado, en possession d’un passeport, a acheté elle-même un aller simple pour la Turquie moyennant une somme en liquide retirée de son propre compte en banque, dans des conditions qu’on ignore s’agissant d’une mineure. «Elle avait de l’argent sur son compte. Elle s’est rendue dans une première agence de voyage, qui a refusé de lui fournir un billet d’avion. La seconde a accepté», a ajouté Jean-Yves Coquillat, précisant que l’adolescente, aujourd’hui placée dans un foyer, semblait «embrigadée» et niait toujours les faits. Pour l’instant, le procureur de la République de Grenoble précise qu’il n’est pas prévu de déférer l’adolescente devant la justice, la priorité étant «de la protéger contre elle-même».

Outre le traitement judiciaire de ces dossiers de jeunes partant faire le jihad en Syrie, des discussions ont eu lieu au ministère de l’Intérieur sur la nécessité de mettre en place un numéro vert et une cellule psychologique à l’attention de ces adolescentes et de leur famille. A l’instar ce qu’il se fait en Belgique.

Aider. Mais à ce jour rien n’a abouti. Aucune initiative n’a été prise pour aider des familles souvent très démunies lorsqu’elles sont confrontées à ce genre de problèmes. La réponse en France demeure «sécuritaire». Selon Bernard Godard, attaché au bureau central des cultes au ministère de l’Intérieur, la tentation du jihad «prend de l’ampleur» et toucherait quelque 700 personnes en France, dont au moins 40 seraient déjà en Syrie.

Source : LIBERATION .fr par Catherine COROLLER correspondante à Lyon