Il y a quelques jours, une amie m’appelle «Caro, une copine de ma soeur est avec un mec violent, je ne sais pas quoi faire». Je me suis dis que ça pouvait être utile de mettre par écrit quelques conseils à faire tourner!

Quelques conseils utiles ! ⤵️

La première chose à faire : prenez soin de vous. C’est difficile d’accueillir la parole de victimes, surtout quand ce sont des personnes proches. Faites des pauses, parlez-en à d’autres gens qui peuvent vous aider, surveillez vos émotions pour qu’elles ne vous submergent pas.

Deuxième règle à garder en tête : vous ne pouvez jamais prendre une décision à la place de la personne victime. C’est parfois très (très) énervant parce qu’on a envie de la forcer à sortir de la violence. Respecter son rythme et ses choix est indispensable. Si vous faites à sa place, si vous l’obligez à faire des choses, automatiquement, vous remettez en cause son autonomie, sa capacité à agir. Et donc, vous participez à la dévaloriser et à l’infantiliser (comme le fait son mec violent). La seule situation où vous pouvez agir même si la victime ne vous donne pas son accord, c’est si vous pensez qu’elle est en danger de mort ou si des enfants sont en danger. Dans ce cas, appelez la Police Nationale (17).

Donc : 1. On prend soin de soi 2. On respecte les choix de la victime, même si on ne les comprend pas.


Ensuite, que fait-on ? On parle, on discute, on échange, on écoute. On essaye, à partir de l’histoire de notre amie, de lui montrer que la situation n’est pas une crise de couple ou une dispute passagère mais de la violence.

Vous pouvez lui parler de la différence entre le conflit (qui existe au sein des couples, qui n’est pas interdit) et la violence (qui est interdite). Vous pouvez vous appuyer sur cette vidéo (merci à Ernestine Ronai)

La différence entre le conflit et la violence dans un couple © Nous Toutes

Vous pouvez aussi inverser les mécanismes des violences. Qu’est-ce que c’est ? Ce sont des comportements de l’homme violent qu’on va retrouver dans beaucoup d’histoire de violence.

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Inversez-les, un par un. Il l’isole, gardez le contact. Il la dévalorise : revalorisez-la (« je te trouve super forte »). Il lui fait croire que les violences sont de sa faute, remettez les choses à l’endroit : le responsable des violences, c’est celui qui insulte, crie, tape, menace, humilie ou viole. Pas la victime. Il lui fait peur, rassurez-la (« je suis là pour toi, la loi est de ton côté »). Il assure son impunité en se faisant passer pour le mec idéal, le gendre parfait : montrez que vous n’êtes pas dupe.

Vous pouvez également lui parler du cycle de la violence au sein du couple. Dans de nombreuses histoires de violences conjugales, on retrouve ce cycle qui va se répéter. Ça commence souvent par une montée de la tension (cris, humiliations), puis par un moment de « crise » qui va prendre la forme d’un passage à l’acte (coup, agression sexuelle, viol) et qui va être suivi par une phase de déni et d’inversion de la culpabilité. Ensuite, arrive ce qu’on appelle « la lune de miel », c’est-à-dire cette phase dans laquelle la violence va baisser en intensité et la victime va avoir l’impression que « tout est redevenu comme avant ». On va parfois entendre « j’ai retrouvé le (prénom) du début ». Dans cette phase de « lune de miel », la victime n’est pas toujours disponible pour accepter de l’aide. Respectez-le. Attendez quelques jours et reprenez un café avec elle.

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N’hésitez pas à raconter à votre amie les mécanismes des violences et le cycle de la violence au sein du couple. Prenez un bout de papier et faites les schémas. Une femme victime de violence à qui on transmet ces connaissances est plus forte pour casser le cycle de la violence.

Souvent, je prends comme excuse une formation que j’ai suivi : « tu sais, l’autre jour, on m’a parlé d’un truc et je me suis dit que ça pourrait t’intéresser ». Là, je déroule les mécanismes des violences. Dans quasiment 100% des cas, la victime va se reconnaître. Et percuter qu’il y a un problème.

Vous pouvez également orienter votre amie vers des personnes dont c’est le métier peuvent l’aider. Elle peut appeler le 3919 (@SolidariteFemme) ou le 0800059595 (@Violsfemmesinfo). Elle peut se rendre dans le CIDFF près de chez elle, dans une antenne du planning familial ou dans une des assos du réseaux Solidarité Femmes.

Voici un mémo créé par #NousToutes que vous pouvez garder sous la main.

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Et enfin, ne restez pas seul.e !

source : mediapart.fr

Caroline De Haas, militante féministe