Même si elle se tient à huis clos, l’audience du 25 janvier du tribunal de commerce d’Angers sera surveillée de près. Les juges du commerce y décideront d’une procédure collective engagée au nom de la SARL STIRCA
et de 13 sociétés civiles immobilières (SCI) en redressement judiciaire depuis
juillet 2015.

Ces sociétés ont pour point commun d’avoir une même adresse de siège
social, située au 28 rue Guitet, dans la Doutre à Angers et d’être dirigées
par un même gérant, un Angevin de 65 ans, ancien responsable d’une
entreprise de traitement de charpente, et habitant dans une commune
du sud d’Angers.

Le passif est lourd, le total des créances atteignant plus de 14 millions
d’euros. Ces créances sont, pour la plupart, des hypothèques détenues
par des banques, mais quelques particuliers réclament aussi leur argent.
Anecdotiquement, leur liste laisse apparaître le nom d’un conseiller
de Nicolas Sarkozy, Hugues Anselin, auquel notre justiciable doit près de
200 000 €… Le bouillon dépasse les 14 millions d’euros

Il faudra bien de la patience aux juges pour comprendre quelque
chose dans le fatras de prises d’intérêts qui se croisent dans toutes ces
SCI, sans toutefois perdre de vue qu’elles ne sont que la partie visible
d’un patrimoine immobilier énormément plus vaste.
L’intéressé gère ainsi une cinquantaine de SCI dans toute la France.
Pour le seul département de Maine et- Loire il possède, via ses sociétés
ou en nom propre, 70 appartements, deux maisons, des locaux commerciaux
et des parkings…

Ce gros patrimoine foncier n’a pas été amassé sans dégâts : aux Ponts de-
Cé, mais aussi à Paris, dans les Bouches-du-Rhône… l’Angevin fait
l’objet de plusieurs procédures, certaines au pénal, pour des opérations
immobilières litigieuses. Dans plusieurs dossiers, il lui est reproché d’avoir profité de l’ignorance des vendeurs pour acquérir à vil prix de
très belles demeures, grâce à des montages juridiques pour le moins baroques, comme la vente à réméré (1). « Il profite de ce que personne ne
connaît rien au réméré, témoigne Patrick Amate qui est, depuis plusieurs
années, en procès après avoir vendu, justement à réméré, un très beau
mas provençal entre Marseille et Marignane. C’est une gestion avec des
cavaleries d’hypothèques. Il a plongé certaines victimes dans la misère. »

Business is business : toutes les entreprises de cet Angevin ne sont pas
des gouffres financiers. L’une d’entre elles, la SCI JIF, a bénéficié d’importants
transferts financiers juste quelques semaines avant le placement en redressement judiciaire des autres. Sage précaution : la SCI n’est plus au nom de son gérant, mais à celui de sa compagne…
Mais tout cela ne serait rien d’autre que la vie ordinaire des affaires s’il
n’y avait la personnalité de l’intéressé.
Membre de la Scientologie depuis plus de trente ans, il a atteint le grade de « Operating Thetan VII » (2) ce qui en fait un responsable de
tout premier plan.

C’est cette proximité entre la vie immobilière et la secte qui suscite des craintes et qui a soulevé les récentes « interrogations » de la Ligue
des Droits de l’Homme dans un article de son blog.

La Scientologie s’en défend, même si les coïncidences sont pour le moins
troublantes. « L’église est une chose. Les procès de nos paroissiens en sont une autre, nous expliquait hier la porte parole de la Scientologie d’Angers,
Chantal Lebrun. Nous n’entrons pas dans leurs affaires personnelles.

source :
Jean-Yves LiGneL
jean-yves.lignel@courrier-ouest.com