La Porte ouverte chrétienne a inauguré hier l’extension de sa nouvelle église évangélique à Mulhouse. Elle se présente comme la plus grande de France, avec une capacité d’accueil de 3 268 personnes.

Depuis la rue de Kingersheim, dans le quartier de Bourtzwiller à Mulhouse, un panneau annonce l’Église évangélique charismatique de La Porte ouverte chrétienne (Poc). Il ne reste plus rien de l’ancien supermarché qu’elle avait investi en 1989. L’extension de 3 000 m2 , qui s’ajoute aux 4 000 existants, a totalement transformé le bâtiment.

Conçu par l’architecte Marc-Yves Troxler, il a la forme d’un bateau, surmonté d’une croix haute de 21 mètres, en inox, fixée par des haubans. Il a une capacité d’accueil de 3 268 personnes, ce qui en ferait la plus grande église évangélique de France. Elle a été inaugurée hier matin en présence de Daniel Mérignargues, sous-préfet de Thann-Guebwiller, et d’élus locaux : Paul Quin, adjoint au maire de Mulhouse chargé de la sécurité et des cultes, Jo Spiegel, vice-président de Mulhouse Alsace Agglomération, Éric Straumann, député et président du Conseil départemental du Haut-Rhin, et Francis Hillmeyer, député-maire de Pfastatt.

La personnalité la plus attendue n’était cependant pas là : Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, « avait confirmé sa présence en début de semaine, mais il a été empêché par une obligation de dernière minute » , indique le pasteur de la Poc, Samuel Peterschmitt. Qu’importe. « Les pasteurs sont tous des ministres… du culte » , plaisante-t-il, provoquant l’hilarité générale, parmi le millier de personnes présentes.

Outre une gigantesque salle de culte de 2 500 places, le bâtiment agrandi abrite deux chapelles de 400 et 200 places, un hall d’accueil de 300 m2 , une dizaine de salles pour les enfants, des bureaux, une librairie, des locaux pour les associations… et une régie audiovisuelle et Internet. Car le culte du dimanche matin est diffusé par satellite dans une quarantaine de pays (en Finlande, Algérie, Sénégal…) et sur Internet depuis 2004. Il est traduit simultanément en langue des signes et en allemand.

{{C’est Jean Peterschmitt, confiseur en gros, issu d’une famille mennonite de Haute-Saône, qui fonde la Porte ouverte chrétienne en 1966 à Pfastatt, après la guérison subite de sa femme. En presque cinquante ans, cette Église s’est imposée dans le paysage religieux mulhousien.}}

{{« Guérison divine »}}

Sur 18 églises évangéliques, elle regroupe le plus grand nombre de fidèles autour de huit pasteurs. Depuis 2002, elle a triplé le nombre de ses paroissiens. Elle est connue pour ses activités sociales portées par ses nombreux bénévoles en faveur des SDF, des prostituées, des toxicomanes, des couples en difficulté… et pour son « militantisme joyeux » , selon Étienne Lhermenault, président du Conseil national des évangéliques de France.

Les cultes, notamment, sont spectaculaires. Les prêches sont illustrés par des images diffusées sur trois écrans géants et entrecoupés de chants avec chorale et orchestre. Surtout, un temps est consacré à la « guérison divine » avec imposition des mains. Cette caractéristique de la Poc – son fonds de commerce, diront ses détracteurs – suscite bien souvent la méfiance. Tout comme la transmission de père en fils de la charge pastorale – Samuel Peterschmitt a succédé à son père Jean en 2002. Sans oublier, enfin, la provenance des fonds qui ont financé les quelque quatre millions d’euros de travaux d’agrandissement. « Nous avons quelques braqueurs ! » , ironise le pasteur Samuel Peterschmitt, avant de rectifier : « Les fonds proviennent exclusivement des dons des paroissiens. Cet autofinancement surprend et rend parfois suspect. Dieu aime celui qui donne avec joie, voilà ce qui explique leur générosité. »

Selon une étude publiée en janvier par le Conseil national des évangéliques de France (Cnef), la France compte quelque 2 440 Églises protestantes évangéliques, soit près de 1 600 de plus qu’en 1970, ce qui témoigne d’une « densification considérable » de ces paroisses. Une nouvelle Église évangélique locale naît tous les dix jours en France métropolitaine, où le Cnef en espère à moyen terme une pour 10 000 habitants. Les évangéliques, qui confessent un christianisme d’évangélisation et de conversion, soucieux d’une large diffusion du message biblique, représentent numériquement un tiers du protestantisme, mais déjà trois quarts de ses pratiquants réguliers, soit quelque 600 000 fidèles, contre 50 000 au sortir de la Seconde Guerre mondiale, selon le Cnef. Ils ne font pas partie des cultes reconnus par le droit local d’Alsace-Moselle, contrairement aux protestants réformés et luthériens.

source :
http://www.lalsace.fr/actualite/2015/05/10/une-eglise-evangelique-de-7000-m2-inauguree-a-mulhouse