Vendredi 13 Nov – 10:34
LA DEPECHE
S.B
Justice. Avocats, psychologues, mais aussi le mari de l’une des victimes à pied d’œuvre en Angleterre depuis mardi.
Dès mardi, épaulés par des psychologues, des avocats, les proches de la famille De Védrines ont décollé de Paris direction Oxford. L’interpellation de Thierry Tilly, 45 ans, le 21 octobre dernier, et surtout la publicité faite autour de son arrestation, ont contraint les responsables d’Infosectes Aquitaine à prendre les devants.
Objectif : tenter de convaincre les huit personnes vivant toujours en Angleterre de regagner la France et le monde extérieur, de leur plein gré, pour bénéficier de soins adaptés à l’état de suggestion mentale et le délabrement physique découlant de ces 8 ans de réclusion et de huis clos familial à Monflanquin (2001-2008) puis outre-Manche, manipulés par un pseudo hommes d’affaires qui y vivait déjà (lire la Dépêche de ce lundi 9).
À Bordeaux, le dispositif d’accueil est prêt. Une cellule d’urgence est en place, un accueil est prévu au sein du centre hospitalier Charles-Pérrens de Bordeaux, spécialisé dans les troubles psychiatriques. Des mesures de cet ordre laissent à penser que l’état de santé psychologique de ceux des reclus qui ne sont pas encore sortis de l’emprise n’est pas bon. « On sait que Guillemette de Védrines (96 ans, NDLR) souffre de cataracte » expliquait dès dimanche Daniel Picotin, l’avocat de Jean Marchand.
{{Loyers pas payés}}
« Des témoignages laissent à penser qu’elle n’a pas été soignée depuis son arrivée à Oxford » expliquait de son côté Jean Marchand, le père de Guillemette et François, 32 et 30 ans, et ex-époux de Ghislaine de Védrines. Tous les trois vivaient, jusqu’à un temps récent encore, à Oxford, en appartements. Vivent aussi dans cette région d e l’Angleterre au nord-ouest de Londres, Charles-Henri de Védrines et ses trois enfants, Guillaume (32 ans), Amaury (29 ans) et Diane (24 ans). À court de liquidités, ils étaient le mois dernier en voie d’expulsion pour ne pas avoir réglé les loyers de leurs logements.
Huit membres d’une même famille qui vivent toujours reclus, qui refusent de s’exprimer sur cette histoire hors normes. Au « Daily Telegraph », journal quotidien britannique qui a cherché à les rencontrer, Charles-Henri de Védrines dit n’avoir rien à dire. Son employeur anglais faisait hier barrage aux appels téléphoniques. « Il ne veut pas parler de cette histoire. » Le cadet des deux frères De Védrines est employé dans un magasin spécialisé dans le jardinage, avec l’un de ses fils, Amaury. Diane, la plus jeune, s’est elle exprimée, expliquant que Thierry Tilly, 45 ans, « est un bon ami, de la famille et de moi-même. »
Dimanche toujours, un Jean Marchand très inquiet expliquait qu’il n’avait aucune nouvelle de ses proches. « Nous savons qu’ils ont été informés de l’interpellation de Tilly. » Ce dernier a été mis en examen pour abus de faiblesse, extorsion de fonds, séquestration avec actes de barbarie, escroquerie. De sa cellule à Gradignan, il nie en bloc.
{{Actes de ventes}}
Tilly, le personnage central d’un mauvais film de huit ans depuis le déchirement familial de 2001. « En fait, » rappelle Jean Marchand « il est entré en contact avec mes proches dès 1997.»
À l’époque, l’épouse de Marchand est dirigeante d’entreprise, une école de formation parisienne. Tilly prend la main sur les membres de la famille, un par un, mais ne parvient pas à séduire un Jean Marchand méfiant.
Ensuite, tout s’accélère. 180 000 francs disparaissent des comptes d’une association culturelle, Musique en Guyenne, des actes de ventes (en cours d’expertise) sont signés pour la cession du château Martel de Monflanquin. Les comptes familiaux sont vidés, 3 millions d’€ disparaissent. Tilly posséderait des comptes bancaires en Suisse, en Angleterre.
{{La famille est aujourd’hui criblée de dettes.}}
Les De Vedrines, de riches aristocrates bordelais, sont sans le sou aujourd’hui, ruinés. Christine de Védrines, désormais partie civile, bénéficie du revenu de solidarité (RSA).
Elle a été exfiltrée en mars dernier, un an après le départ, dans les mêmes conditions, de Philippe de Védrines et de son amie Brigitte Martin. Ces derniers ont, semble-t-il, décidé, à leur tour, de porter plainte.
Avec Jean Marchand, Christine de Védrines, ils sont en Angleterre depuis trois jours pour tenter de convaincre les membres de leur famille de faire le même chemin vers la sortie.