{{Le Nouvel Obs, 14 février 2008 par Sylvain Courage}}

Branle-bas de combat chez les militants antisectes ! La semaine dernière, Michèle Alliot-Marie a critiqué l’action de la très officielle Miviludes (Mission interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires) qui, selon la ministre de l’Intérieur, «s’en tient à une vision arbitraire, stigmatisant a priori» des mouvements sur la base de critères «peu rigoureux». Colère de Philippe Vuilque, député socialiste et président du groupe d’étude sur les sectes à l’Assemblée nationale : «Depuis 2002, la Miviludes ne s attaque pas à des mouvements prétendument spirituels, elle traque les extorsions de fonds et la sujétion qui ont cours dans toutes sortes de milieux. Dire que la lutte contre toutes les dérives sectaires mena ce la liberté de croyance, c’est l’argument des sectes mêmes. Le retrouver dans le discours d’un ministre est très inquiétant.» Alliot-Marie assure qu’il s’agit d’un mauvais procès, et qu’elle entend juste rendre plus efficace le combat contre les dérives sectaires. Pourtant un vilain soupçon empoisonne le débat. En 2004, Sarkozy, alors ministre de l’Economie, a reçu avec les honneurs la star Tom Cruise, numéro deux et ambassadeur international de l’Eglise de Scientologie, puissante organisation inscrite sur la liste des organisations sectaires. «Je ne connais pas [la Scientologie], je n’arrive pas à me faire une idée», avait expliqué Sarkozy, un an plus tard, sur Canal+. Cette neutralité a été évidemment appréciée par les disciples de Ron Hubbard qui dénoncent le «harcèlement» de la Miviludes. «Nous sommes victimes de discrimina tien. La France est l’un des seuls pays où nous nous heurtons à de tek préjugés», peste Danièle Gounord, porte-parole de la Scientologie tricolore qui se vante d’avoir fait tomber la Mils, ancêtre de l’actuelle mission. Les scientologues sont-ils à la manoeuvre ? Siégeant à droite comme à gauche, les parlementaires du groupe d’étude des sectes ont demandé un rendez-vous au Premier ministre. «Le gouvernement est tombé dans le piège dialectique d’organisations sectaires qui ont un discours effrayant», accuse Philippe Vuilque.