(Saint-Jérôme) Une pseudo-thérapeute et formatrice aux méthodes brutales a été punie en cour criminelle, hier, pour avoir sauvagement giflé une ancienne cliente en plein cours. «Personne ne l’avait dénoncée avant moi. Si quelqu’un l’avait fait, je ne me serais peut-être pas inscrite à son cours. Alors je suis fière d’avoir laissé une trace et j’espère que ça pourra en protéger d’autres», a dit Nelly Allard, qui avait les larmes aux yeux à la sortie du palais de justice de Saint-Jérôme.

»Des sévices inacceptables»

En expliquant la sentence, le juge Gilles Garneau a affirmé que la jeune femme a subi «des sévices inacceptables», mais que l’événement semblait isolé. Bien qu’elle n’ait pas d’antécédents officiels, Lisette Métayer n’en est toutefois pas à sa première agression, et n’avait jusqu’ici affiché aucun remords. Après avoir attaqué Nelly Allard, en février 2011, la femme de 69 ans a prétendu qu’autrement, sa cliente aurait dû être internée en psychiatrie.

Interrogée par La Presse au sujet de deux autres élèves – l’une, qu’elle avait frappée, et l’autre, dont elle avait tiré les cheveux -, elle a continué à dire qu’il s’agissait de «gestes thérapeutiques», tout en affirmant que la violence n’avait «absolument pas sa place en thérapie».

Elle a expliqué un quatrième et un cinquième dérapages par le fait qu’elle s’était sentie menacée (elle avait alors donné un coup de pied à une femme et avait agrippé un homme par le collet pour mieux le gifler).

«Certains la croyaient au point de lui dire: Moi, je te donne le droit de me frapper», s’indignent d’anciens élèves que La Presse a retrouvés. Ils affirment que leur ex-formatrice hurlait parfois sans raison, affichait «une attitude hautaine et méprisante» et rapportait publiquement des confidences faites en thérapie. La formatrice pouvait aussi demander à ses élèves de se donner des coups de poing.

Autre problème: Lisette Métayer diplôme beaucoup de gens vulnérables, recrutés en thérapie, et qui s’improvisent ensuite psychothérapeutes – sans supervision et sans les connaissances requises pour repérer les cas lourds. Ses cours, relativement populaires, lui rapportent des dizaines de milliers de dollars.

En avril dernier, une élève désillusionnée s’est plainte par écrit à l’Alliance des intervenants en soins naturels et approche corporelle, présidée par Alain Alarie, pour que cette association ne laisse plus Lisette Métayer et ses diplômés remettre des reçus de naturothérapie. Peine perdue.

Même lorsque la formatrice s’est reconnue coupable de voies de fait, en juin, l’Alliance ne l’a pas expulsée. Il a fallu que les mécontents multiplient les pressions pour qu’elle le fasse, cinq mois plus tard.

Et maintenant?

Malgré tout, Lisette Métayer continue de donner des cours dans son local de Saint-Sauveur. Elle a même augmenté ses prix, de même que ceux de ses consultations.

Devait-on l’arrêter? En rendant sa décision, le juge Gilles Garneau a expliqué qu’il présidait une instance criminelle et n’avait donc pas à se pencher sur le droit de pratique de la quasi septuagénaire. Depuis l’an dernier, la loi 21 interdit d’exercer la psychothérapie sans permis et édicte les conditions requises pour en obtenir un auprès de l’Ordre des psychologues, a-t-il rappelé. D’après lui, son tout nouveau casier judiciaire empêchera Lisette Métayer de se qualifier.

Il semble toutefois que l’Ordre n’interviendra pas avant l’expiration du délai de deux ans accordé à tous les aspirants psychothérapeutes.

De son côté, Alain Alarie affirme avoir consulté un avocat et envisage de réintégrer Lisette Métayer et ses émules dans son association. Lisette Métayer affirme reviser le contenu de son programme pour se conformer à la loi.

source : le 24 janvier 2013
MARIE-CLAUDE MALBOEUF
La Presse

http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/justice/proces/201301/24/01-4614430-une-pseudo-therapeute-punie-en-cour-criminelle.php