CLICANOO.COM | Publié le 4 mai 2009

{{C’était lundi dernier, à 10 h 30 précises, un hélicoptère détourné par un commando armé s’envolait de la prison de Domenjod avec à son bord, Juliano Verbard et ses deux plus fidèles lieutenants. Les premières heures de l’enquête ont été déterminantes. Retour sur une semaine d’investigations et de chasse à l’homme}}

{{57 secondes}}

C’est le temps que l’hélicoptère aura passé dans l’enceinte de la prison. À quelques mètres du sol, le commando lance une échelle de corde et un sac rempli d’armes dans la cour du centre de détention de Domenjod. Fabrice Michel prend une arme de poing et tient en respect les autres détenus présents, le temps que Juliano Verbard et Alexin Michel grimpent à bord de l’appareil. L’hélicoptère repart immédiatement alors que les gardiens n’ont pas eu le temps de bouger. Il se pose à 400 mètres à vol d’oiseau, sur un terrain vague de la technopole. Les six hommes s’enfuient à bord d’un Jumpy blanc.

{{Une carte d’identité oubliée}}

Les policiers de la sûreté urbaine départementale sont immédiatement saisis du dossier et débutent leurs investigations dans l’appareil. Mais trente minutes plus tard, l’affaire est confiée aux gendarmes. Les détenus en fuite viennent d’être identifiés. Le procureur, François Muguet, considère que le maillage des militaires sera plus efficace pour la recherche des fugitifs. Les techniciens de l’identité criminelle qui commencent à travailler dans l’appareil découvrent une carte d’identité. C’est celle de Jean-René Gence. Les enquêteurs le connaissent bien. L’homme fait partie des anciens adeptes de la secte.

{{Six hommes recherchés}}

Les gendarmes ont déjà quatre noms. Il en manque deux. L’arborescence de la secte leur permet rapidement d’en obtenir deux autres. Les frères Daleton sont tous incarcérés. La plupart des anciens adeptes libres sont des femmes. Sauf… deux hommes. Pierre-Rodolphe Cadet vient juste de sortir de prison. Il avait braqué une boulangerie pour rejoindre son gourou. Guillaume Maillot qui avait approché le petit Alexandre et permis son évasion est le dernier suspect. Les six noms sont transmis aux ports et aéroports. Moins d’une heure après l’évasion, toutes les portes de sortie de l’île sont verrouillées. Un hélicoptère de l’armée fait le tour de l’île pour vérifier qu’aucune embarcation suspecte n’ait échappé à la vigilance.

{{Six interpellations}}

Les gendarmes apprennent que six personnes se sont présentées à la Nouvelle pour commander l’hélicoptère qui a servi à l’évasion, mais seulement trois sont montés à bord. Où sont les trois autres ? Un hélicoptère de l’armée est envoyé immédiatement à Mafate. Au niveau du Col des Bœufs, trois suspects sont repérés. Interpellés, il s’agit de Marie Mussard épouse Cadet, de Francis et Clarisse Cadet, soit les mère, frère et sœur de Pierre-Rodolphe Cadet. Une camionnette de location est également saisie sur place. Les trois membres de la famille Cadet sont placés en garde à vue et interrogés. Trois autres personnes sont arrêtées à leurs domiciles dont Graziella Michel, épouse Daleton et Joseph Cadet. Par ailleurs, Pierre-Rodolphe Cadet, Guillaume Maillot et Jean-René Gence restent introuvables. Les soupçons se confirment.

{{Des aveux du bout des lèvres}}

Alors que plusieurs équipes de militaires sillonnent les Hauts de l’île à la recherche des six fugitifs, les interpellés sont interrogés. Les gendarmes les soupçonnent d’avoir préparé l’évasion. Les perquisitions confirment cette hypothèse. Des documents attestant des locations sont retrouvés chez Marie Mussard. On sait aussi que de la nourriture a été achetée en grande quantité pour alimenter les fugitifs en cavale. Pendant leur garde à vue, les adeptes refusent de s’alimenter, comme leur a appris leur gourou. Seul Joseph Cadet a une attitude différente. L’homme a rompu avec la secte et déplore l’appartenance de ses proches. Il est remis en liberté tandis que les cinq autres interpellés sont tous écroués vendredi soir.

{{La stratégie de l’asphyxie}}

Un peu partout dans l’île, les recherches se multiplient. Les gendarmes fouillent tous les points de chute connus et interrogent les habitants des écarts. Privés des adeptes chargés de leur ravitaillement, Juliano et ses fidèles lieutenants se terrent en attendant que les gendarmes relâchent leur surveillance. Mais ceux-ci ont décidé, au contraire, de maintenir la pression. Grâce aux informations obtenues pendant l’enquête, les hommes de la section de recherche savent avec certitude que le Petit Lys d’amour est encore sur l’île. Ce dernier doit procéder au baptême du fils Gence le 8 mai. Le gourou prendra-t-il le risque de sortir de sa cache pour introniser celui qu’il a désigné comme le nouvel élu ? Pour les enquêteurs, l’arrestation des fugitifs n’est qu’une question de temps

Frédérique Seigle