L’UFAL a été auditionnée par le CCNE dans le cadre des EGB et a exposé une vision progressiste et laïque d’une éthique de la vie et de la santé, qui tranche avec les postures réactionnaires et d’inspiration religieuses qui ont inondé le site internet dédié à la consultation.

Mais nos propositions se démarquent aussi d’un progressisme ultra-libéral qui voudrait tout permettre, notamment l’entrée du marché dans un domaine qui lui échappe par la prise en charge par la protection sociale solidaire et la gratuité du don. Car il ne s’agit pas de dire que tout ce qui est possible est bien, mais de réfléchir à ce qui est juste parmi les possibles. Et ce qui est juste n’est pas le juste milieu entre le scientisme technophile et l’intransigeance réactionnaire d’inspiration religieuse. Penser ainsi conduirait irrémédiablement à un immobilisme politique qui empêcherait l’adaptation de notre droit au service de la société.

Pour pouvoir parler de bioéthique, il convient de différencier morale et éthique. La morale, ce sont des règles de conduite normatives fondées sur des valeurs relatives et auxquelles on s’oblige. L’éthique est quant à elle une régulation impartiale de l’action établie par la société à partir d’une réflexion argumentée, qui fait donc appel à la raison et à l’autonomie de la pensée. Il y a donc dans l’éthique une nécessité de justifier ce qui est énoncé qu’il n’y a pas dans la morale.

Débattre de bioéthique ne consiste pas à opposer des morales inconciliables, mais à distinguer des opinions dans leur pluralité et en conscience, pour parvenir à les réguler selon ce qui semble le plus juste.

La bioéthique touche les problématiques d’accès aux droits, d’autonomie, de dignité, de liberté individuelle, de libertés publiques, de liberté de conscience, de responsabilité individuelle et collective, tant de sujets qui tiennent à cœur aux militants laïques.

Elle se fonde sur quatre principes : le respect de l’autonomie du sujet, la bienfaisance, la non-malfaisance, et la justice. Le principe de bienfaisance implique toujours une conception déterminée du bien, il revient à dire : « traite autrui comme tu voudrais être traité ». Une personne est dite autonome si elle est libre et capable. Respecter l’autonomie d’autrui suppose donc des conditions : information nécessaire à une prise de décision éclairée, vérification que cette information a été comprise, et vérification de la capacité de la personne à décider. Alors, respecter le principe d’autonomie revient à dire : « traite autrui comme il souhaite être traité ».

Les principes d’autonomie et de bienfaisance se confrontent et parfois même s’opposent. Alors il faut bien déterminer celui qui en dernier ressort doit primer. La lecture de ce nouveau numéro d’UFAL Info vous montrera ce qu’il en est dans une perspective laïque de la bioéthique.

source :

Ufal.org par Christian Gaudray,
Président de l’UFAL