SAN ANGELO (Etats-Unis), 4 août 2011 (AFP) – Warren Jeffs, gourou polygame d’une secte mormone américaine, a été reconnu coupable d’avoir violé deux jeunes filles, jeudi à San Angelo (Texas, sud des Etats-Unis), ce qui pourrait lui valoir jusqu’à 119 ans de prison.

Il avait été arrêté en août 2006 à Las Vegas (Nevada, ouest), après avoir été inscrit sur la liste des dix personnes les plus recherchées par le FBI, la police fédérale américaine.

Il a été reconnu coupable d’avoir agressé une fille de 12 ans en 2006 et une autre de 15 ans en 2005, tombée enceinte par la suite.

Cette affaire est liée à un scandale survenu en 2008, quand plus de 400 jeunes mineurs avaient été retirés d’un ranch du Texas abritant des membres de la secte, les autorités estimant que les enfants étaient conditionnés pour accepter des relations sexuelles avec des hommes dès la puberté.

Jeffs, qui a assuré seul sa défense et a envoyé une lettre au tribunal affirmant qu’il recevait ses ordres directement de Dieu, n’a montré aucune réaction à l’énoncé du verdict.

Lors des plaidoiries, il s’était borné à déclarer “Je suis en paix”. Au cours du procès, il avait accusé le gouvernement américain de violer sa liberté de religion, un argument balayé par le ministère public.

“Vous avez entendu que (ce procès) était une attaque contre l’Eglise fondamentaliste de Jésus-Christ des saints du dernier jour”, avait dit le procureur Eric Nichols dans son réquisitoire. “Mais de dossier ne concerne qu’une seule personne, Warren Jeffs, et les actes qu’il a commis”.

Dans une autre affaire, la Cour suprême de l’Utah (ouest) avait cassé en 2010 la condamnation du gourou polygame, qui était accusé d’avoir obligé une adolescente de 14 ans à épouser son cousin.

La polygamie est illégale depuis 1862 aux Etats-Unis et a été abandonnée dans l’Utah par les mormons en 1890, alors que cet Etat n’était pas encore incorporé à la fédération. La FLDS a fait sécession avec le mouvement mormon, majoritaire dans l’Utah, à la suite de divergences sur ce sujet notamment.

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Le leader d’une secte menait d’une main de fer
Paul J. Weber, The Associated Press
06 août 2011 10:42

SAN ANGELO, États-Unis – Warren Jeffs, le leader d’une secte polygame qui a été reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement deux mineures, aurait mené ses disciples d’une main de fer, interdisant les défilés, la danse, le magazine Sports Illustrated et même la couleur rouge, selon les déclarations d’un des membres de sa secte, qui a témoigné dans le cadre du prononcé de sa sentence samedi.

Âgé de 55 ans, Jeffs est le leader sacré de l’Église fondamentaliste de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui prône notamment la polygamie comme un moyen d’accéder au paradis. Plus de 10 000 partisans considèrent Jeffs comme le porte-parole de Dieu sur la Terre.

Or, un jury l’a déclaré coupable d’agressions sexuelles sur deux mineures qu’il avait prises comme épouses, une décision qui pourrait lui valoir la prison à vie.

Pendant l’étape d’imposition de la peine, les procureurs ont tenté de prouver que Jeffs, de nouveau absent de la salle de cour samedi, avait dirigé l’Église fondamentaliste d’une manière beaucoup plus cruelle et sévère que son père, à qui il a succédé en 2002.

La juge Barbara Walther a ajourné l’audience, samedi, après avoir entendu le témoignage larmoyant d’une femme aujourd’hui âgée de 28 ans qui dit avoir également été agressée par Jeffs alors qu’elle était plus jeune. Aucune accusation n’a été déposée en lien avec cette présumée agression, mais trois jurés ont été incapables de retenir leurs sanglots pendant le témoignage.

L’audience reprendra lundi.

Ezra Draper, qui a grandi au sein de cette secte, est retourné témoigner pour affirmer que, contrairement à son père, Warren Jeffs avaient interdit les défilés et les danses une fois au pouvoir.

Brent Jeffs, le neveu du leader, a également pris la parole samedi, déclarant que son oncle l’avait agressé sexuellement quand il était garçon.

Il a précisé que Jeffs l’avait sodomisé alors qu’il était âgé de cinq ans. Et s’il n’a jamais été accusé de ce geste, Jeffs est toutefois parvenu à une entente au terme d’une poursuite déposée en 2003. L’entente incluait la cession d’un terrain.

Pendant son témoignage, M. Draper a raconté à quel point Jeffs l’avait réprimandé quand il avait admis qu’il aimait bien une fille. Il avait alors 14 ans. Jeffs avait frappé son entre-jambes avec une longue règle en clamant qu’il lui valait mieux perdre une partie de son corps que de risquer la souffrance d’une condamnation éternelle.

«J’avais l’impression qu’il me demandait de couper mon pénis afin que je puisse demeurer à l’école», a déclaré M. Draper.

Il a également indiqué que Jeffs avait lancé des magazines Sports Illustrated et Car and Driver qu’il avait retrouvés dans la chambre des garçons. Les livres dans lesquels figuraient des animaux parlants avaient aussi été bannis, Jeffs les considérant comme mensongers. Même la couleur rouge avait été interdite, a affirmé M. Draper.

Les accusations portées contre Jeffs découlent d’un raid policier mené en 2008 sur un terrain éloigné de l’Église fondamentaliste, dans l’ouest du Texas. L’appel qui avait mené au raid s’était révélé être un canular, mais une fois sur les lieux, les policiers avaient aperçu des mineures qui étaient enceintes.

Pendant le procès, les procureurs ont présenté des documents prouvant que Jeffs avait enfanté une de ses victimes, alors âgée de 15 ans. Une vidéo de l’homme a été présenté, et les procureurs ont affirmé qu’on y voyait Jeffs agresser une autre victime, âgée de 12 ans.

Jeffs n’a pas fait appel à des avocats et assumait lui-même sa défense dans l’affaire. Il a utilisé les services de sept avocats dans les derniers six mois, pour finalement décider de se présenter seul devant la cour.

Vendredi, en guise de protestation, Jeffs a quitté la salle de cour pendant l’audience sur la peine. Il est détenu dans une pièce différente et pourra retourner à son audience quand il le voudra.

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Paris-match | vendredi 5 août 2011

Le tout-puissant gourou polygame et pédophile

Warren Jeffs, 55 ans, est le leader d’une secte mormonne fondamentaliste. Adepte de la polygamie, il a été condamné pour avoir abusé sexuellement deux mineures. Son procès a levé le voile sur d’incroyables pratiques.

Adrien Gaboulaud – Parismatch.com

Aux Etats-Unis, certaines pratiques arriérées survivent envers et contre tout. Quand l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l’un des principaux mouvements mormons, a rejetté la pratique de la polygamie en 1890, certains de ses membres l’ont quittée, créant un mouvement parallèle pour pouvoir perpétuer leur tradition. Cette entité, devenue l’Eglise fondamentaliste de Jésus-Christ des saints des derniers jours, existe toujours et encourage encore la polygamie. Depuis quelques années, son tout-puissant leader, Warren Jeffs, défraie la chronique judiciaire. Cet homme de 55 ans à l’apparence anodine est accusé d’avoir eu 78 femmes, dont 24 mineures, d’avoir célébré 67 mariages de mineures et d’avoir procédé à la «réassignation» des femmes dans 300 familles, selon le «San Angelo Standard-Times», un des quotidiens qui couvre le stupéfiant procès qui se déroule au Texas. Mais surtout, Warren Jeffs a été convaincu d’agression sexuelle sur enfants sur deux jeunes filles de 12 et 15 ans, qu’il avait épousées. La peine dont il doit écoper pour ces crimes sera fixée prochainement.

Warren Jeffs est un pur produit du fondamentalisme mormon. Son père, Rulon Jeffs, a dirigé l’Eglise jusqu’à sa mort en 2002. Le «New York Times» indiquait alors que l’homme a laissé derrière lui une vingtaine de femmes, environ 60 enfants et des centaines de petits-enfants. Warren lui a succédé, comblant rapidement le vide. A la tête de la plus grande communauté à pratiquer encore le «mariage pluriel», Warren Jeffs a acquis une aura considérable auprès de ses quelque 10 000 membres. Comme tous les leaders de la secte, il jouit du titre de «prophète» et dispose d’un pouvoir très étendu sur la vie de ses fidèles. L’Eglise fondamentaliste, dotée de moyens financiers conséquents, possède par exemple la plupart des maisons dans lesquelles vivent ses fidèles, ainsi que les murs de leurs commerces et entreprises, comme le rapportait l’«Arizona Republic» en 2005. La communauté est totalement refermée sur elle-même. Selon un ancien membre de la secte cité par le «Salt Lake Tribune», les journaux et Internet sont bannis. Et tout ce qui est différent fait peur. Le Southern Poverty Law Center, association en pointe dans la lutte pour l’égalité aux Etats-Unis, a par exemple épinglé Warren Jeffs pour avoir déclaré que «la race noire est le peuple qui a toujours permis au diable d’amener le mal sur Terre».

Quatre mois de folle cavale
Les Etats du Sud, en particulier l’Utah, où vivent de nombreux mormons, rechignent à traduire les polygames en justice. Warren Jeffs a eu pendant quelques temps toute latitude pour imposer sa loi aux membres de la communauté, comme en 2004, lorsqu’il prit la décision de bannir 21 hommes, «réassignant» leurs femmes et leurs enfants à d’autres hommes, comme le racontait le «Los Angeles Times». Mais sa conduite à la tête de l’Eglise fondamentaliste a contraint la justice à agir. Ses ennuis ont commencé en 2004, lorsque certains de ses neveux l’ont accusé d’agression sexuelle. Il a ensuite été poursuivi pour avoir célébré des mariages impliquant des mineurs. Un mandat d’arrêt a même été publié par l’Utah contre Warren Jeffs en avril 2006, mais l’homme a pris la fuite, puisant dans les vastes ressources financières de l’Eglise pour financer sa cavale. Warren Jeffs a alors les honneurs de la célèbre liste publiée par le FBI des dix criminels les plus recherchés. Provocateur, il ira jusqu’à faire un détour par le fief de la secte, Colorado City, dans l’Arizona, pour y célébrer d’autres mariages de mineures, comme l’indique alors le «Deseret News», un journal local. Lors de son arrestation en août 2006, le gourou est surpris au volant de sa Cadillac Escalade rouge. A bord du véhicule, les policiers trouvent 54 000 dollars en liquide, 15 téléphones portables, quatre ordinateurs portables et trois perruques.

«Moi, le seigneur Dieu du ciel»
Avant qu’un premier procès ne débute en 2007, l’accusé avait tenté de se suicider en prison, ainsi que le rapportait alors CNN. A l’issue des audiences, Warren Jeffs a été reconnu coupable de complicité de viols sur mineurs. Mais ce verdict a ensuite été annulé par la cour suprême de l’Utah en 2010 pour un vice de procédure. Le procès actuel résulte d’une opération de police menée en 2008 contre la nouvelle et imposante base texane de l’Eglise, le «YFZ Ranch» (YFZ pour «Yearning for Zion», ou «soif de Sion»). A l’époque, CBS raconte que plus de 460 enfants ont été retirés à la communauté et placés dans des foyers, en raison des risques d’abus et de négligence. C’est durant ce raid que les enquêteurs ont pu rassembler les preuves attestant que Warren Jeffs n’a pas été qu’un complice: il a activement participé à des viols sur mineures. Et, comme le prouve le verdict rendu jeudi, le Texas ne s’est pas montré aussi clément que l’Utah.

Malgré l’énorme scandale qui poursuit Warren Jeffs depuis des années, l’homme dirige toujours l’Eglise. Selon l’antenne texane de Fox, il continue même à délivrer des sermons depuis sa cellule, par téléphone. Certes, le soutien de sa communauté commence à s’éroder. Willie Jessop, un ancien partisan du gourou, a ainsi déclaré au «San Angelo Standard-Times» que «Warren Jeffs a trahi son peuple et ses valeurs». Pourtant, la nouvelle du verdict texan a peu de chances de parvenir intacte aux membres de la communauté. Pour Isaac Wyler, un ancien de l’Eglise fondamentaliste cité par le «Salt Lake Tribune», ils n’auront droit qu’à une version «édulcorée du verdict», qui présentera sans doute Warren Jeffs comme la victime de persécutions religieuses.

Signe que Warren Jeffs a bien l’intention de se transformer en martyr, il s’est livré à un sermon d’une heure lors d’une audience fin juillet. Alors que l’accusation énumérait la très longue liste de ses femmes comme preuve, l’homme, qui avait choisi de se défendre seul, a objecté. «Vous touchez maintenant à quelque chose de sacré. Cela doit cesser», a-t-il lancé selon le «Christian Science Monitor». «Si nous ne suivons pas ces lois, nous serons damnés ici et dans l’au-delà. Nous croyons en un système de mariage basé sur l’éternité, le mariage céleste, autorisé par les cieux et qui ne doit pas être perturbé par l’intervention gouvernementale», a justifié Warren Jeffs. «Moi, le seigneur Dieu du ciel, appelle cette cour à cesser ces accusations contre mes pures et saintes voies», a-t-il tonné, avant de promettre aux procureurs la maladie et la mort. Le gourou, lui, risque en tout cas de passer le restant de ses jours en prison