Après 6 jours de procès aux assises, Thierry L., fervent catholique et adepte de la «bioénergie» à Moisselles, a été condamné à cinq ans de prison dont un avec sursis.

Thierry L., 73 ans, n’avait jusqu’alors jamais connu la détention. A l’issue de son procès devant la cour d’assises du Val-d’Oise, le coach conjugal de Moisselles a quitté le palais de justice ce mardi soir pour dormir à la maison d’arrêt du Val-d’Oise. Il a été condamné, après plus de 6 heures de délibéré, à cinq ans de prison dont un avec sursis et une mise à l’épreuve d’une durée de trois ans.

Pendant cette période, il devra réparer le préjudice de ses victimes, ne pas entrer en relation avec elles. La cour lui a également interdit toute activité de thérapeute ou de masseur. La peine prononcée correspond en tout point à celle requise lundi par l’avocat général.

La dérive sectaire reconnue

Thierry L., qui a pratiqué son activité pendant une vingtaine d’années auprès des catholiques de la paroisse de Domont, a été reconnu coupable du viol des cinq patientes qui s’étaient constituées partie civile. Des femmes qui avaient dénoncé des pénétrations digitales effectuées lors de séances de « bioénergie ».

La cour d’assises du Val-d’Oise, qui a siégé à huis clos, a également reconnu la dérive sectaire de son activité en le déclarant coupable d’abus de faiblesse. Elle a enfin estimé que l’infraction de travail dissimulé était constituée.

Il ne fera pas appel

Thierry L., qui avait prononcé une dernière prière à la Vierge Marie avant que la cour ne se retire pour délibérer, semble avoir accueilli le verdict mesuré avec sérénité, se préparant à sa première incarcération. Selon son avocat, Me Frédéric Zajac, qui avait plaidé une pratique consentie par les parties civiles, concernant des faits dont les plus anciens remontaient à dix-sept ans, Thierry L. ne fera pas appel de la décision.

Une femme a longuement pleuré au premier rang de la salle d’audience, alors que la cour venait de prononcer la culpabilité de l’accusé. « Les victimes sont satisfaites et soulagées. La procédure a débuté il y a sept ans, c’est long et difficile pour elles, comme cela l’a été également au cours de l’audience », confie Me Picotin-Gueye, avocate d’une des parties civiles.

Les victimes «ont découvert qu’elles n’étaient pas isolées»

« La décision de culpabilité et la peine d’emprisonnement étaient importantes pour elles parce qu’elles ont vraiment vécu dans une prison mentale, reprend-elle. L’audience leur a également permis de voir d’autres victimes, et de retrouver le même système, le même processus, la même exigence de rompre avec leur famille. Elles ont découvert qu’elles n’étaient pas isolées. Les familles se retrouvent peu à peu. »

L’enquête des gendarmes avait débuté fin 2012, à la suite du recueil de plusieurs témoignages de femmes décrivant les consultations dans les locaux de Moisselles. Comme la séance d’écoute pendant laquelle la personne raconte son enfance et ses rêves, puis celle de bioénergie, qui nécessite que les femmes se déshabillent.

Viennent ensuite le massage et les exercices suspects, les palpations. Les plaignantes décrivaient enfin le débriefing au cours duquel Thierry L. avait une emprise mentale. Certaines victimes ont fréquenté longtemps et avec régularité le coach conjugal. L’une d’elles a suivi des séances toutes les semaines pendant cinq ans. Elle y a consacré plus de 12 000 euros à raison d’une cinquantaine d’euros la séance.

source :

http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/moisselles-le-coach-conjugal-condamne-pour-le-viol-de-cinq-femmes-22-10-2019-8178192.php?utm_campaign=mail_partage&utm_medium=social*

Le Parisien 

Par Frédéric Naizot

Le 22 octobre 2019