Gestalt-thérapie : secte ou pas secte ? Des menaces et l’invitation à prendre un rendez-vous. C’est tout ce que nous obtiendrons de cette femme de 47 ans, inscrite comme psychothérapeute adepte de la Gestalt thérapie. « Vous allez au-devant d’un certain nombre de choses… » C’est contre cette femme que le docteur Pascal* a demandé lundi au juge aux affaires familiales de Vesoul de transférer chez lui la résidence de ses deux enfants âgés de 13 et 15 ans. Dix ans qu’il les voit s’éloigner de lui sur fond de conflit avec son ex-épouse. Rien que de très banal en matière de divorce.

Lundi, c’est avec un certain nombre de documents qu’il a appuyé sa demande, puisqu’il dénonce clairement « une dérive de la mère. Elle usurpe plusieurs titres de psychologue, psychothérapeute et même ostéopathe. Tout cela invite à penser qu’elle est instable et que cela se répercute sur les enfants. Elle est sous emprise et croit sûrement leur faire du bien, mais leur fait du mal en réalité ».

Pour ce praticien hospitalier le combat dure depuis 10 ans. La prise de conscience d’une dérive sectaire, depuis beaucoup moins longtemps. « Fin 2010, mon fils m’a sorti une scène surréaliste. Il était convaincu, et les yeux injectés de sang, que je le laissais seul au foot au milieu du stade en train de pleurer alors qu’il appelait sa mère au secours. Pour moi, cette scène n’a jamais existé, c’est du souvenir induit ». Depuis lors, le docteur Pascal s’intéresse à la formation de son ex-épouse.

« On ne peut pas parler, des procédures sont en cours »
Interrogeant le{{ centre contre les manipulations mentales}} à l’aide des informations qu’il avait glanées quant au cursus que son ex-femme a suivi, il est mis en garde : « idem par” {{psychologie vigilance”}} ». Une ficelle qu’il ne cesse de tirer depuis, à la faveur de belles insomnies. En janvier 2011, « j’ai été reçu au parquet de Vesoul. Depuis, j’ai complété mon dossier ». Surtout, le docteur Pascal est en relation directe avec la {{Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)}}. « Elle s’est autoproclamée psychothérapeute, se réclamant de la Gestalt-thérapie ». Une pratique inscrite dans le guide santé et dérives sectaires de la Miviludes paru en avril. Un guide qui explique que des méthodes sectaires autour de ces pratiques ont pu être constatées. Ce qui ne veut pas dire à coup sûr que toutes les personnes qui se réclament de la Gestalt font parti d’une secte. Mais la mise en garde est sérieuse.

Contacté hier, ce service rattaché au cabinet du Premier Ministre n’a pas souhaité s’exprimer « car des procédures judiciaires sont en cours ». Notamment, une information judiciaire au tribunal de Versailles pour usage de faux titres.

Mais pour ce père de deux enfants, le temps presse. « Je suis très inquiet pour mon aîné de 15 ans qui ne va pas bien ». Outre son effondrement scolaire, « quand il vient à la maison, il ne parle pas. J’ai peur qu’il se laisse aller ou pire… ». Ce qui est sûr, c’est que la décision du juge aux affaires familiales soit positive ou non pour lui, « la Miviludes ne les lâchera pas. Ils les ont dans le collimateur »assure Me Baumgartner, son conseil vésulien.

Walérian KOSCINSKI

* Le nom a été modifié.

http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2012/06/27/d-apres-la-miviludes-la-gestalt-therapie-ou-gestalt-est-une-pratique-qui-met-l-accent-sur-la

EST REPUBLICAIN 27.06.12

Gestalt-thérapie : secte ou pas secte ?

D’après la Miviludes, la Gestalt-thérapie ou Gestalt, est une pratique « qui met l’accent sur la conscience de ce qui se passe dans l’instant présent, ici et maintenant, aux niveaux corporel, affectif et mental, indissociable ». C’est en tout cas ce que l’on peut lire dans le lexique qui donne l’exemple de méthodes qui ont été l’objet de dérives sectaires. Pour que cette pratique devienne sectaire, il convient de déplacer le curseur. « C’est lorsqu’elle essaie de faire adhérer le patient à une croyance, à un nouveau mode de pensée ». Dans les méthodes psychologisantes les plus répandues, on retrouve comme mécanisme la culpabilité. Dans le courrier que le secrétaire général de la Miviludes a adressé au docteur Pascal* le 29 septembre 2011 au sujet du cabinet de formation qu’a fréquenté son ex-épouse, les formations du cabinet « se déroulent en général sur deux années […] et imposent une charge financière importante (15.500 €) ». Et d’apprécier plusieurs critères d’appréciation du risque sectaire : « opacité de l’activité de formateur dont l’organisme n’est pas connu des services compétents, opacité de procédure d’adhésion à la formation, exigences financières fortes susceptibles d’engendrer une fragilisation de la candidate et éventuellement son entourage, risque de rupture avec l’environnement personnel et professionnel antérieur ».

source :

http://www.estrepublicain.fr/faits-divers/2012/06/27/du-divorce-a-la-miviludes

L’EST REPUBLICAIN 27.06.12

W.K.