Non, pas de définition exacte d’une secte. Pas de désignation en tant que telle, pas d’accusation. Seulement des critères assez précis pour alerter et informer. « Nous ne sommes pas des chasseurs de sectes et surtout pas des inquisiteurs », insiste Gilbert Klein, le représentant du cercle laïque pour la prévention des phénomènes sectaires. « Nous sommes aussi des défenseurs de la liberté de conscience » ajoute Marie-Claire Thomas, administratrice. « En France et c’est très bien comme ça, on peut croire à ce qu’on veut, c’est important. Le problème est celui de l’emprise, de ce moment où une personne commence à penser que ce qui est bon pour le groupe est bon pour elle… »

Dans la salle de la maison des associations, on a projeté un film de témoignages et le débat s’engage. Gilbert Klein, juriste et légaliste, avance depuis 35 ans avec une prudence de sioux dans l’univers parfois déroutant des mouvements à caractère sectaire. Il rappelle cette anecdote vésulienne qui a finalement donné la tonalité de son engagement.

« C’est aujourd’hui prescrit donc nous pouvons citer l’organisation. Un beau jour, des dizaines d’affiches annonçant une conférence à Vesoul ont recouvert des murs. Il s’agissait d’une soirée sur Toutenkhamon, particulièrement rasoir, d’ailleurs. Nous avons découvert qu’il s’agissait de la Nouvelle Acropole. C’était le signe de son arrivée en Haute-Saône. Trois semaines plus tard, ils organisaient une nouvelle conférence. Nous avons prévenu tout le monde, informé. Des enseignants voulaient s’y rendre avec des enfants, ils ont annulé. Une personne a enlevé toutes les affiches en ville. L’information a circulé. Finalement, ils n’avaient personne à leur conférence. Et ils ont tout simplement renoncé. Voilà, les sectes existent, c’est un fait. Mais à partir du moment où le public est informé, on peut agir. »

« Admettons qu’une personne proche soit dans un mouvement sectaire, quelles solutions ? », questionne un homme dans l’assistance. « Il n’y a pas de recette miracle, pas de solution toute faite. En tant que proche, la dernière chose à faire est de rompre. Il faut à tout prix maintenir le lien. La solution, c’est l’adepte qui l’a, qui doit la trouver en lui-même. Il arrive souvent qu’un déclic se produise. C’est à ce moment-là que les proches peuvent être un recours, les personnes à qui se raccrocher pour retrouver la réalité. »

Et le déclic se produit justement lorsqu’un adepte se retrouve confronté au principe de réalité alors qu’il a eu le sentiment d’avoir trouvé sa « certitude », comme l’explique Marie-Annick Meyer, interrogée dans le film.

Les grandes sectes connues seraient-elles en train de perdre du terrain ? Certes, plusieurs d’entre elles sont moins apparentes. Mais l’emprise mentale et l’effet émollient sur les consciences et le libre arbitre existe également en dehors des grands mouvements connus et surviennent dans les domaines de la santé, de la formation…

Le CLPS a mis en place un numéro de téléphone public pour toute personne en questionnement : 06 52 15 76 56.

source : est republicain.fr