jeudi 25 juin 2009 – 06:05

le jdd

{{Samedi, Catherine Picard a détaillé l’expansion sectaire en France et en Europe devant une centaine de personnes invitées de la Loge franc-maçonne L’humanité.}}

Jean-Christophe Henriet

{actuelle présidente de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi), l’ancienne députée socialiste Catherine Picard est surtout connue pour avoir été corapporteure de la loi de juin 2001, la loi About-Picard, renforçant la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.}

Samedi, elle était invitée de la loge neversoise L’Humanité pour une conférence intitulée Les sectes en France, un défi pour la République.

{{Qu’a apporté la loi que vous avez soutenue il y a huit ans ?}}

C’est la première fois où le législateur donne la capacité aux juges de demander la dissolution d’associations sectaires au bout de deux condamnations lorsque ces mouvements ont transgressé la loi. Avant, il y avait beaucoup de procès, mais pas de dissolution de la personne morale.

{{Les sectes sont-elles plus nombreuses aujourd’hui qu’hier ?}}

Oui. Leur augmentation est exponentielle. 173 étaient répertoriées en 1995 dans le rapport parlementaire. On estime leur nombre en France, aujourd’hui à environ 600. Mais nous ne sommes pas les seuls visés. La Belgique va légiférer, les Espagnols y réfléchissent. Le land allemand de Bavière, lui, a interdit la scientologie (*).

{{Dans quel domaine exercent-elles leur activité ?}}

Leur domaine d’infiltration privilégié est aujourd’hui la santé physique et psychique. Le phénomène est si préoccupant qu’un groupe de travail sur les médecines non conventionnelles à visée thérapeutique a été constitué.

{{Ces mouvements sont-ils les successeurs des organisations qui se présentaient comme des religions ?}}

Oui, mais c’est parce que ces derniers ont, depuis vingt ans, subi les assauts de la justice qu’ils ont pris forme atone. Après eux, on a vu surgir des sous-groupes dans le domaine du bien-être, des thérapies et de la formation professionnelle..

{{Comment parviennent-ils à leurs fins ? On a tous des vulnérabilités, face à la maladie, à l’éducation des enfants?}}

Je n’ai pas de regard critique sur le contenu, Mais d’une demande légitime, on peut passer à un véritable guide de vie, conduisant parfois à ne plus tenir compte des prescriptions médicales. Je me souviens m’être portée partie civile dans une affaire où un enfant de 18 mois était mort de faim.

(*) L’Unadfi, que préside Catherine Picard, était partie civile dans le récent procès de sept adeptes de l’église de scientologie de Paris pour escroquerie en bande organisée. Cette association risque la dissolution. Le jugement devrait intervenir à l’automne.

Le Jdd nevers