Le gourou d’une secte installée dans les Vosges a été condamné lundi à 15 années de réclusion criminelle pour avoir violé la fille mineure d’une des adeptes, par la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle qui statuait en appel.

«Au-delà du viol, le verdict a consacré l’emprise morale, l’emprise mentale et le caractère sectaire de l’accusé», s’est félicité l’avocat de la victime, Me Pierre-André Babel. La défense, assurée par Mes Chantal Nedonchelle et Claude Llorente, s’est pour sa part réjouie d’une décision «en-deçà de la peine prononcée en première instance».

Hervé Granier s’était fait passer au cours des années 2000 pour le messie auprès d’une dizaine de personnes, à qui il réclamait chaque mois plusieurs centaines d’euros, au sein d’un mouvement sectaire qu’il avait créé à La Bresse (Vosges). En 2004, il avait expliqué à l’une de ses fidèles qu’il souhaitait prendre sa fille, alors âgée de 14 ans, pour «femme divine». Jeudi, il avait reconnu pour la première fois les viols et demandé «pardon pour le mal» qu’il avait fait à la victime.

300 000 euros perçus par le gourou de la part des adeptes

Dans son réquisitoire, l’avocat général, Jacques Santarelli, avait fustigé un homme qui «avait un pouvoir dictatorial sur les âmes, les corps et sur les biens». «Cet homme a été, il reste et restera longtemps un imposteur», avait-il ajouté, en qualifiant l’accusé de «potentat tyrannique». La mère de la victime, désignée par l’enquête comme celle qui avait «livré» sa fille au gourou, avait initialement été mise en examen pour complicité de viol. Elle avait finalement bénéficié d’un non-lieu en fin d’instruction pour abolition du discernement, avant de se constituer partie civile. Convoquant «le mythe d’Iphigénie», l’accusé ayant «utilisé la mère pour sacrifier la fille», l’avocat général l’avait décrit comme «un soleil noir de leur mélancolie à tous». La défense a quant à elle tenté de relativiser l’emprise de l’accusé sur sa victime.

L’instruction avait par ailleurs mis au jour l’existence d’une «dîme» mensuelle réclamée aux adeptes, grâce à laquelle le gourou avait perçu environ 300.000 euros, ce qui lui a également valu d’être condamné pour abus de faiblesse au sein d’un groupement sectaire.

source : LeParisien.fr