Interrogé par nouvelobs.com, Marc Dolisi, rédacteur en chef délégué de l’hebdomadaire VSD a maintenu, mercredi 20 février, les propos de la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon.
Dans un communiqué, cette dernière avait démenti les propos que lui avait fait tenir le magazine mercredi. Je « n’ai jamais tenu les propos qui me sont prêtés par l’hebdomadaire VSD, selon lesquels ‘les sectes seraient un non-problème en France' », avait affirmé la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon.
« Interrogée de manière informelle sur les positions du président de la République dans ce domaine, j’ai rappelé la position constante de Nicolas Sarkozy sur ce sujet », explique-t-elle.
« Soit ces mouvements et ces groupes troublent l’ordre public et abusent de la faiblesse psychologique des personnes, et dans ce cas ils doivent être poursuivis et sanctionnés -les moyens de rendre plus efficaces ces poursuites sont d’ailleurs à l’étude. Soit ils ne troublent pas l’ordre public et respectent les personnes, et ils doivent alors pouvoir exister normalement conformément au principe de la liberté de conscience », résume-t-elle.
« Il semblerait que l’on soit entré dans l’ère du démenti. Bientôt il faudra la présence d’un huissier à chaque interview, comme pour les mariages », commente Marc Dolisi à nouvelobs.com.
« Scandaleuse »
L’hebdomadaire a ensuite fait parvenir un communiqué dans lequel il confirme bien les propos d’Emmanuelle Mignon. « Emmanuel Fansten, journaliste à VSD, a rencontré Mme Emmanuelle Mignon a son bureau de l’Elysée le mercredi 6 février de 11h15 à 12h00 », indique le magazine.
« La rédaction de VSD confirme que les propos cités dans l’entretien ont bien été tenus, dans le cadre de ce rendez-vous », précise le communiqué.
VSD est paru mercredi matin avec une interview de cette proche du chef de l’Etat. Elle affirme que « la lutte contre les sectes a longtemps permis de dissimuler les vrais sujets. Mais, en France, les sectes sont un non-problème ». « La liste établie en 1995 est scandaleuse », ajoute-t-elle, évoquant la liste des « mouvements sectaires » mise au point alors par la Commission parlementaire d’enquête sur les sectes. « Quant à la Scientologie, je ne les connais pas, mais on peut s’interroger », poursuit-elle selon VSD. « Ou bien c’est une dangereuse organisation et on l’interdit, ou alors ils ne représentent pas de menace particulière pour l’ordre public et ils ont le droit d’exister en paix ». Les rapports parlementaires français considèrent que l’Eglise de Scientologie est une secte. La scientologie bénéficie toutefois du statut de religion dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis.
La Miviludes bientôt rattachée à l’Intérieur
Emmanuelle Mignon indique, selon VSD, que le gouvernement compte « transformer » la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), instituée auprès du Premier ministre, « en quelque chose de plus efficace et en finir avec le bla-bla ». « A part publier des rapports annuels, la Miviludes ne fait rien », accuse-t-elle.
Selon la directrice de cabinet du président, « l’idée serait de rattacher ce nouvel organisme au ministère de l’Intérieur, afin de collaborer plus étroitement avec les services de police. Le reste doit relever de la justice ».
« Assurer la liberté de croyance de tous »
Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’Intérieur chargée des Cultes, a relancé le débat sur les sectes début février. Elle a notamment mis en cause le fonctionnement de la Miviludes, au moment où celle-ci est précisément l’objet de critiques de mouvements comme la Scientologie.
Dans un entretien au Parisien, la ministre confiait vouloir « décomplexer la lutte contre des dérives sectaires » et « assurer la liberté de croyance de tous ».
Plusieurs associations, dont l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu), s’étaient déclarées « émues et indignées » par ces déclarations.
L’église de Scientologie s’est dite la semaine dernière victime de « violations de la loi de 1905 » sur la séparation des Eglises et de l’Etat et a demandé que ses membres bénéficient de la liberté de conscience reconnue dans la Constitution.
« La croyance diffuse des valeurs »
La Miviludes doit présenter son rapport 2007 à François Fillon début avril, a indiqué l’organisme samedi, précisant que c’est au chef du gouvernement qu’il revient de décider de rendre public ce rapport ou non.
Un document de travail, issu d’une réunion commune du conseil d’orientation et du comité exécutif de la Miviludes tenue le 7 février, a été transmis vendredi aux différents ministères concernés (Intérieur, Justice, Santé…).
Emmanuelle Mignon souligne par ailleurs que Nicolas Sarkozy est le premier président français à avoir dit que « la question spirituelle doit jouer un rôle dans la société ».
« La quête de sens n’a sûrement jamais été aussi importante qu’aujourd’hui. La croyance diffuse des valeurs, et tout ce qui diffuse des valeurs est positif », assure-t-elle.
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