“Mais il va mourir à force!”: tous les Nippons se sont fait cette réflexion il y a six mois, au cours de la semaine suivant le tremblement de terre et le tsunami dans le nord-est, catastrophe doublée d’un accident nucléaire sans précédent à la centrale Fukushima Daiichi.

C’est que l’homme, porte-parole du gouvernement et bras-droit du Premier ministre d’alors, Naoto Kan, ne cessait d’apparaître jour et nuit à une fréquence infernale sur tous les écrans de télévision, pour faire le point sur les derniers événements.

Las, plus les jours passaient, plus les mauvaises nouvelles s’enchaînaient, plus le visage d’Edano était présent, plus il se décomposait: il tint 105 heures sans dormir.

En quittant cette fonction éprouvante début septembre, M. Edano a confié que ses six mois à ce poste lui avaient semblé durer trois ans.

Juriste diplômé de l’Université du Tohoku, enregistré comme avocat, Yukio Edano, 47 ans, était déjà devenu une figure nationale après l’arrivée au pouvoir du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) en septembre 2009.

Il avait été chargé de faire le “tri dans les activités de l’Etat”, autrement dit d’éliminer ou confier au secteur privé toutes les tâches et organisations publiques ou semi-étatiques jugées superflues.

L’objectif de ce “grand ménage” largement médiatisé était de dégager des fonds pour appliquer la politique généreuse de redistribution des revenus aux citoyens, notamment sous forme d’allocations pour enfants, afin de favoriser la natalité.

Tout au long de sa déjà longue carrière, M. Edano a plaidé pour une politique qui privilégie l’investissement dans les “hommes” (éducation, protection sociale) plutôt que dans les “choses” (travaux publics pharaoniques).

Ce monsieur propre, qui se veut un avocat de la décentralisation, de la libre entreprise et de la concurrence, est aussi remonté contre les bureaucrates et surtout contre “l’amakudari” (“la descente des cieux”), une sorte de pantouflage.

Elu pour la première fois en 1993, à l’âge de 29 ans, membre dès l’origine du PDJ, il est étiqueté comme très proche de l’ex-Premier ministre Kan avec lequel il a contribué à révéler dans les années 1990 un scandale de sang contaminé par le virus HIV, responsable du Sida.
Source : AFP Par Karyn POUPEE