Les sectes jouent sur la faiblesse de certains pour leur causer une atteinte physique, psychologique ou matérielle. Sont-elles interdites ? Comment réagir ? Quelques éléments de réponse en compagnie de Philippe Duport.

Cette semaine se sont tenues les premières Assises des dérives sectaires et du complotisme. Depuis quelques années, et notamment depuis la crise sanitaire, les signalements pour dérives sectaires se sont multipliés.

franceinfo : Dans quels domaines agissent les sectes ?

Philippe Duport : Notamment pour tout ce qui concerne la santé, les médecines alternatives, l’alimentation, les médecines douces, mais aussi dans d’exactions complotistes, le tout étant facilité par les réseaux sociaux. La Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, rapporte ces dernières années une forte augmentation de ses saisines. Les femmes en sont plus souvent victimes que les hommes…

Les sectes sont-elles interdites en France ?

Non, en tant que signataire de nombreux traités internationaux, la France se doit de respecter la liberté de culte de tout un chacun. Les sectes ne sont donc pas interdites en France, ce qui est réprimé, ce sont les dérives sectaires. La Miviludes en a une définition très précise : il y a dérive quand une secte profite de son pouvoir sur ses adhérents pour leur causer une atteinte physique, psychologique voire matérielle, par exemple en leur soutirant de l’argent ou des biens. L’infraction la plus courante qui peut être réprimée, précise Maitre Picotin-Gueye, avocate spécialisée dans ces questions au barreau de Bordeaux, c’est l’abus de faiblesse.

Comment est-il sanctionné ?

S’il y a abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique, la peine est de trois ans de prison et de 375.000 euros d’amende. Elle est alourdie pour les dirigeants du groupement, qui risquent cinq ans de prison et 750.000 euros d’amende.

Comment réagir, concrètement, si l’on estime être confront à une dérive sectaire ?

On peut saisir la Miviludes, qui se chargera de transmettre votre signalement aux autorités compétentes. Vous pouvez aussi vous adresser à des associations reconnues d’utilité publique comme l’Unadfi, l’association Alerte faux souvenirs induits, France Victimes, Psychothérapie Vigilance ou encore le Centre contre les manipulations mentales. Vous pouvez aussi saisir une administration de l’Etat en vous adressant aux correspondants « dérive sectaires », par exemple en préfecture, à l’Agence régionale de santé ou au rectorat. Vous pouvez aussi porter plainte auprès du procureur de la République ou à la gendarmerie.