Avec la généralisation du dispositif d’écoute pour les pédophiles, désormais accessible dans tout le pays, l’Etat mise sur la prévention pour anticiper les passages à l’acte.
Testée depuis un an dans 7 régions, la ligne d'écoute est disponible dans toute la France dès lundi.
Testée depuis un an dans 7 régions, la ligne d’écoute est disponible dans toute la France dès lundi. FFCRIAVS

«Agir à la source». Avec le lancement de la ligne nationale d’écoute à destination des pédophiles, la France rattrape son retard dans la prévention contre la pédophilie. Le dispositif est étendu à l’ensemble du territoire dès lundi, après un an d’expérimentation dans plusieurs régions.

Gratuite et confidentielle, la ligne n’est pas un dispositif anti-récidive. Elle vise au contraire les personnes qui redoutent un premier passage à l’acte : « Le numéro unique cible une population vulnérable (en souffrance et/ou/donc à risque) et apporte ainsi une réponse en matière de prévention», explique la psychiatre Anne-Hélène Moncany, présidente de la Fédération française des Centres Ressources pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS). «Le numéro ne s’adresse pas à des «criminels», mais à toute personne qui ressent un trouble, une attirance sexuelle envers les enfants», détaille Cécile Miele, psychologue au CRIAV de Clermont-Ferrand. « Ces troubles sont répertoriés comme des pathologies psychiatriques, qui peuvent et doivent être prises en charge ».

1000 appels pendant la phase de test

Mesure du plan de lutte contre les violences faites aux enfants porté par le secrétaire d’État en charge de la protection de l’enfance Adrien Taquet, le dispositif a été lancé en novembre 2019 en phase de test dans plusieurs régions (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Centre-Val-de-Loire, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Aquitaine). Il a ensuite été étendu au printemps dernier à l’Ile-de-France et au Grand-Est, le contexte du confinement laissant craindre chez les professionnels une augmentation de la consommation d’images pédopornographiques. Verdict : plus de 1000 appels ont été passés, pour environ 300 personnes prises en charge en quelques mois.

« Notre retour d’expérience montre que le dispositif a rencontré un besoin dans la prise en charge des troubles pédophiles », salue la psychologue. « Nous officialisons le fait que ces personnes ont le droit et la possibilité d’être soignées, et qu’il existe des solutions adaptées.»

Cette approche clinique de la pédophilie bouscule les schémas habituels en France, où les traitements sont en général mis en place en parallèle des procédures judiciaires, et donc, après le passage à l’acte, explique Cécile Miele. « C’est un sujet compliqué, à entendre et à comprendre, car ce renversement de perspective demande une certaine «empathie». C’est pour cela qu’il existe des professionnels spécialement formés».

Des plateformes similaires existent depuis une vingtaine d’années en Grande-Bretagne et en Allemagne, où 9515 contacts téléphoniques étaient recensés en mars 2018. Parmi elles, plus de la moitié craignait un passage à l’acte et s’est inscrite en thérapie. D’après une étude de Volet, Courvoisier et Aebi (2011), 55% des personnes qui ont fait appel à ces dispositifs à l’étranger avaient déjà recherché une aide professionnelle préalable, sans succès.

 

source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/lutte-contre-la-pedophilie-un-numero-national-d-ecoute-pour-agir-a-la-source-20201123

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