La Mission de vigilance et de lutte contre les sectes (Miviludes) dénonce dans son dernier rapport les dérives de l’anthroposophie dans l’éducation et la médecine. L’Université de Strasbourg proposant une formation à la médecine anthroposophique, la Mission y voit un résultat de l’entrisme de ce courant de pensée.

L’Université de Strasbourg aime se démarquer. La voici mentionnée dans le dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) pour proposer une formation à la médecine anthroposophique. Dans ce rapport d’activités pour l’année 2021, la Miviludes indique avoir été saisie 31 fois sur des dérives du mouvement anthroposophique, un courant de pensée issu du romantisme allemand, dans le domaine de l’éducation des jeunes et de la médecine.

La maladie comme conséquence karmique

Dans la médecine anthroposophique, relate le rapport, « la maladie découle d’une destinée karmique, indissociable des erreurs et des péchés commis par le patient dans l’une de ses vies antérieures. » Les membres de la Miviludes détaillent ensuite nombre d’errements commis par des médecins anthroposophes : traitement de la bipolarité par de l’homéopathie, du cancer par des injections d’extraits de gui, etc.

Le rapport d’activité de la Miviludes relate également les dénonciations de l’ex-anthroposophe Grégoire Perra (sur lequel Rue89 Strasbourg a déjà écrit ici et ), lequel explique que nombre de médecins anthroposophes s’appuient sur leurs connaissances en médecine pour mieux masquer leurs opinions, pas toujours en faveur du patient selon le lanceur d’alerte. C’est cette stratégie d’entrisme qui inquiète la Miviludes, laquelle relève à ce sujet :

« L’Université de Strasbourg a intégré la médecine anthroposophique au sein de son offre de formation continue. Il est ainsi possible d’y suivre des cours de médecine anthroposophique, notamment appliquée à l’oncologie et à la rhumatologie. Le site de la faculté vante la médecine anthroposophique au motif qu’elle “propose un élargissement de la médecine universitaire sur laquelle elle se fonde, en intégrant dans sa démarche les niveaux biologiques, psychologiques et spirituels de l’homme”. »

Conséquences visibles durant la crise sanitaire

Les conséquences de ces croyances ne sont pas sans conséquence, poursuit le rapport :

« La Miviludes a pu constater la prolifération de propos de la part de médecins anthroposophes particulièrement virulents durant la crise sanitaire. Opposés à toute campagne de vaccination, des médecins anthroposophes se sont effectivement illustrés pendant cette crise en expliquant que la Covid-19 était le résultat, non pas d’un virus, mais d’une “électrification de la Terre” causée par le déploiement de la 5G. Dans certaines cliniques allemandes, des médecins anthroposophes ont prescrit de la poussière de météorite pour guérir de la Covid-19. »

La faculté de médecine abrite l'Institut de médecine légale (Photo Google Maps)
La faculté de médecine abrite l’Institut de médecine légale (Photo Google Maps)

Dans un entretien aux DNA, le Pr Fabrice Berna des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, membre du Collège universitaire des médecines intégratives et complémentaires, estime que la Miviludes commet un amalgame :

« Pointer du doigt la médecine anthroposophique en disant que c’est une “médecine à risque de dérive sectaire”, c’est faire des amalgames. C’est comme si on disait que l’application médicale de la méditation présentait un risque de recrutement ou de déviance bouddhistes ! »

Pour Fabrice Berna, « c’est le rôle de l’université d’enseigner de manière critique les médecines complémentaires, » tout en déplorant que ces formations ne sont pas beaucoup fréquentées depuis qu’elles ont été retirées du catalogue de la formation professionnelle. En 2018, la faculté de médecine de Strasbourg avait choisi de continuer à enseigner l’homéopathie malgré les critiques sur ses résultats pour la même raison.

source : https://www.rue89strasbourg.com/universite-strasbourg-anthroposophie-250224